Cours d'adultes
L'école communale
Histoire de l'enseignement
Documents sur l'école
matières d'enseignement
La pédagogie
Post et périscolaire
Découvertes sur l'école
Caisse des écoles
La restauration scolaire
La coopération à l'école
Ligue de l'enseignement
Les colonies de vacances
Jeunesse au plein air
CEMEA
Cours d'adultes


 Post et périscolaire

Les cours d'adultes

L'idée de rattachement au primaire


Le rattachement des cours d'adultes au primaire trouve son inspiration la plus évidente dans les projets et les textes révolutionnaires. La proposition de Chénier à la Convention, reprise dans le rapport Lanthenas du 28 frimaire an l (18 déc. 1792), propose :

le premier degré d'instruction que vous organiserez, sera donc approprié aux besoins du plus grand nombre; il donnera aux enfants le premier enseignement nécessaire pour les mettre à même de porter plus loin leurs connaissances, en suivant de plus hauts degrés ; et aux citoyens livrés à des occupations industrielles, il offrira, chaque semaine, une instruction qui, en amusant leur esprit, délassera leur corps de ses travaux ordinaires ; enfin il invitera, par l'attrait même de la curiosité et du plaisir, généralement tous les citoyens, à se réunir paisiblement, à fraterniser ensemble et à s'instruire en commun. 

Art. VII. - Une fois par semaine, l'instituteur donnera une instruction publique à laquelle les citoyens de tout âge, de l'un et de l'autre sexe seront invités d'assister.

Ces instructions auront pour objet,

1°. De rappeler les objets enseignés dans les écoles.

2°. De développer les principes de la morale et du droit naturel.

3°. D'enseigner les lois dont la connaissance est nécessaire aux fonctions publiques les plus rapprochées de tous les citoyens.

4°. D'annoncer les nouvelles et les évènemens qui intéresseront le plus la République.

5°. De donner des connaissances sur la culture et les arts d'après les découvertes nouvelles.

Les premiers cours ouvrent


Le préfet Chabrol de Volvic, président honoraire de la Société pour l'instruction élémentaire, ouvre entre 1820 et 1821, les deux premiers cours pour adultes à Paris. Ces cours sont dirigés l'un, par M. Delahaye, à qui la Société décerne une mention honorable comme au « premier fondateur d'une école gratuite pour les adultes à Paris », l'autre par M. Sarasin, directeur de l'école normale d'enseignement mutuel de la ville. Dès 1822, outre trois nouveaux cours d'adultes-hommes, la ville ouvre le premier cours du soir pour les adultes-femmes, dirigé par Mme Renaut de la Vigne, rue Saint-Lazare.

En 1825, un savant minéralogiste, M. Brard, inaugure l'enseignement pour les ouvriers et les apprentis des manufactures dans la verrerie du Lardin (Dordogne). MM. Brignes suivent cet exemple dans les usines de Fourchambault, d'autres à Baccarat, etc. En 1828, la Société pour l'instruction élémentaire crée elle-même des cours du soir et du dimanche pour les adultes (d'après le mode mutuel) sous la direction de M. A. Lefèvre. A la même époque, Cochin fonde la première maison complète d'éducation où l'enfant, admis à la salle d'asile, peut continuer ses études jusqu'à la classe d'adultes. La deuxième est établie par Philibert Pompée, et se fait de bonne heure une spécialité de l'enseignement du dessin approprié aux besoins des ouvriers. En 1829, 1a Société d'instruction élémentaire du Rhône ouvre à Lyon le premier cours d'adultes d'après la méthode Jacotot.

  

Le mouvement s'amplifie mais reste limité


Aussitôt après la Révolution de 1830, le mouvement se prononce plus nettement. Il n'y a eu à Paris, jusque-là, que des cours d'adultes dirigés par des laïques ; les congréganistes, à leur tour, s'associent à cette œuvre populaire. Le frère Baudime, chargé d'organiser ces cours d'adultes congréganistes, y introduit deux grandes réformes : l'une est la séparation des apprentis et des adultes, l'autre la distinction d'un cours inférieur ou simplement primaire et d'un autre cours qu'on peut appeler professionnel, comprenant les mêmes notions que J.-B. de la Salle lui-même avait fait entrer dans le programme des cours de Saint-Sulpice (histoire, géographie arithmétique, dessin, notions de sciences). En 1838, les Frères ont 6 cours d'adultes et plus de 1800 élèves ; à la même date, les laïques ont 14 cours pour hommes (4000 places) et 10 pour femmes (900 places).

Bien que la loi n'a encore rien fait pour les rendre obligatoires, Guizot les mentionne dans sa circulaire du 4 juillet 1833.

Mais, ainsi que les salles d'asile sont nécessaires pour préparer aux écoles primaires les enfans à qui leur jeune âge ne permet pas encore de les suivre, de même, il doit exister, au-delà des écoles primaires, et pour les jeunes gens et pour les hommes faits qui n'ont pu en profiter, des établissements spéciaux où la génération déjà laborieuse, déjà engagée dans la vie active puisse venir recevoir l'instruction qui a manqué à son enfance: je veux parler des écoles d'adultes. J'ai la confiance que, dans quelques années, lorsque la loi qui nous occupe aura porté ses fruits, le nombre des hommes qui auront ainsi besoin de suppléer au défaut de toute instruction primaire diminuera sensiblement. Mais on ne saurait dissimuler qu'il est considérable aujourd'hui, et que longtemps encore l'incurie des parens, l'ignorance profonde des classes pauvres et l'apathie morale qui l'accompagne presque toujours, empêcheront que les enfans ne reçoivent tous, ou à peu près tous, l'instruction que nous nous empressons de leur offrir. Longtemps encore, les écoles d'adultes seront donc nécessaires, dans les lieux surtout où l'industrie réunit un grand nombre d'ouvriers à qui l'activité d'un travail fait en commun et l'émulation qu'elle excite font bientôt sentir l'importance des connaissances élémentaires qui leur manquent et la nécessité de les acquérir.

Cependant, à cause du risque politique que représente toute réunion d'adultes, Guizot encadre et place les cours d'adultes sous surveillance.

Tout instituteur, ou toute personne ayant un brevet de capacité et un certificat de moralité, est apte à tenir une classe d'adultes; le comité local, le comité d'arrondissement et le maire donnent un avis sur cette ouverture; le recteur donne ou non l'autorisation; les matières d'instruction autorisées sont celles de la loi du 28 juin 1833, augmentées éventuellement des développements industriels» qui auront été autorisés au titre des compléments prévus par cette loi; le comité local fixe les horaires et le calendrier, et dresse un règlement d'étude et de discipline, qu'il soumet à l'examen du comité d'arrondissement et à l'approbation du recteur en conseil académique. En outre, l'arrêté fixe un âge minimal d'admission (quinze ans pour les garçons, douze ans pour les filles, sauf exception autorisée par le comité local).

Les contraintes fixées par cet arrêté rendent difficile le développement des cours d'adultes.

On constate que la scolarisation des adultes n'est pas un franc succès. Au reste, elle ne constitue pas un élément prioritaire de la politique ministérielle.

Joseph Pelet de la Lozère succédant à Guizot comme ministre de l'instruction publique, par son règlement détaillé du 22 mars 1836, prescrit les mesures nécessaires pour la surveillance de ces réunions, pour la séparation des deux sexes, pour la distinction des élèves plus jeunes et des adultes proprement dits, pour le plan d'études.

La première statistique officielle qui fait mention des cours d'adultes est celle de M. de Salvandy en 1837 (1800 cours, 37 000 élèves) ; la seconde, celle de Villemain en 1841 : à cette date, 3090 communes entretenaient 3403 cours d'adultes, comptant ensemble 68500 élèves. En 1848, il y avait 6913 cours et 117 000 élèves : les cours et leur personnel ont donc vu leur nombre plus que triplé en dix ans.

Le traitement alloué aux instituteurs pour toute cette période est très faible : il dépasse à peine 2 francs par élève en moyenne.

Le développement diminue


Les troubles de 1848 et plus encore la réaction politique de 1849 et 1850 arrêtent le développement de ces écoles. Malgré les instances de Boulay (de la Meurthe), la loi Falloux du 15 mars 1850 ne les organise ni ne les rend obligatoires.

Art. 54. – Il peut être créé des écoles primaires communales pour les adultes au-dessus de dix-huit ans, pour les apprentis au-dessus de douze ans.

Le Conseil académique désigne les instituteurs chargés de diriger les écoles communales d’adultes et d’apprentis.

Il ne peut être reçu dans ces écoles d’élèves des deux sexes.


Les cours d'adultes diminuent aussitôt de plus d'un tiers quant au nombre des établissements et des élèves (on ne compte plus à la fin de 1850 que 4037 cours et 80803 élèves). Les subventions de l'Etat, qui ont été en moyenne de près de 5000 francs par an, n'atteignent plus 3000 francs en moyenne jusqu'à 1863, à prendre sur un crédit de 60000 francs porté au budget depuis 1850 « pour les secours aux établissements charitables d'instruction et pour l'entretien des cours d'adultes ». Les Conseils généraux, de leur côté, restreignent leurs libéralités : elles ont produit une moyenne de 33 000 francs par an avant 1850, elles ne dépassent plus 21000 francs de 1850 à 1863.

les cours d'adultes sortent de l'oubli


Les instituteurs sont consultés par Rouland sur les besoins de l'instruction primaire en1863, et plus du quart de ceux qui répondent à cet appel émettent spontanément le vœu que les classes d'adultes soient réorganisées.

C'est une des premières promesses de Victor Duruy quand il succède à Rouland, et l'exposé de la situation de l'Empire en 1863 mentionne déjà la nécessité reconnue des cours d'adultes, sans lesquels l'école primaire place dans les mains de l'enfant un instrument qui se rouille promptement et devient inutile. Dès le 13 août 1864, le ministre institue un prix cantonal pour l'élève le plus assidu aux cours d'adultes.

Duruy assigne à l'enseignement des adultes l'objectif de pallier les insuffisances de l'instruction primaire. Dans une circulaire du 11 juillet 1865, et après avoir rappelé qu'un grand nombre de cours avaient été créés l'année précédente, il demande que l'effort soit encore accru : Il faut les multiplier encore, car ils nous fourniront les moyens de réparer les négligences et de combler les lacunes de l'école. Le paysan sent aujourd'hui le besoin de faire lui-même ses comptes et ses écritures.

Circulaire du 2 novembre 1865 :

L'hiver 1864-1865 est le point de départ de la renaissance des cours d'adultes ; des récompenses sont instituées pour les instituteurs qui se sont distingués dans cette tâche nouvelle et difficile. Le secrétaire général, M. Charles Robert, va rendre compte officiellement des progrès accomplis à l'occasion de la distribution des prix aux instituteurs qui ont fait les plus grands sacrifices pour les cours d'adultes et obtenu les plus beaux succès : ce sont ceux du département de l'Hérault.

C'est incontestablement au ministère de Duruy que revient l'honneur d'avoir donné aux cours d'adultes la place importante qui leur appartient dans la hiérarchie de nos institutions scolaires.

La loi du 10 avril 1867 leur assure une subvention de l'Etat, et cette promesse n'est pour ainsi dire que la consécration officielle d'un fait accompli.

Circulaire de Jules Ferry, relative à la réorganisation des cours d'adultes, du 4 avril 1882.

Aux termes de cet arrêté (7 avril 1882), les cours d'adultes comprendront désormais :

1° Des cours d'enseignement élémentaire, destinés essentiellement aux illettrés proprement dits.

Une rémunération de 25 francs par adulte sera allouée à tout instituteur ou à toute institutrice appartenant à l'enseignement public qui justifiera avoir appris à lire, à écrire et à compter à un illettré…

2° Des cours spéciaux ou complémentaires pour les jeunes gens qui désirent continuer l'instruction acquise à l'école.

Une rémunération de 15 francs par adulte ayant régulièrement suivi les cours, sans toutefois que cette indemnité puisse dépasser 150 francs, sera accordée aux maîtres ou maîtresses, appartenant à l'enseignement public, qui auront fait ces cours.

3° Des lectures publiques ou conférences populaires.

Une indemnité variable, en raison des dépenses accessoires auxquelles les séances donneraient lieu, pourra, sur la proposition de l'inspecteur d'Académie, être accordée aux personnes qui, avec l'agrément du Conseil départemental de l'Instruction publique, auront accepté de se charger de lectures publiques ou de conférences sur des sujets déterminés à l'avance et approuvés par cette assemblée.


la loi du 30 octobre 1886, signale qu'il peut être créé des classes primaires pour adultes ou pour apprentis ayant satisfait aux obligations des lois des 19 mai 1874 et 28 mars 1882.

Il ne peut être reçu dans ces classes d'élèves des deux sexes.

Le décret du 18 janvier 1887 indique que la création des classes publiques d'adultes ou d'apprentis est soumise aux mêmes formalités légales que la création des écoles primaires publiques.

Les cours d'adultes sont rénovés


Le 10 août 1894, une circulaire ministérielle signale aux recteurs la nécessité de reconstituer les cours d'adultes et d'apprentis sous des formes plus ou moins différentes du type primitif. Une enquête est ouverte : 1° sur l'état actuel de l'enseignement des adultes ; 2° sur les réformes dont cette institution paraîtrait susceptible, et spécialement sur les chances de succès qu'auraient, dans chaque département, les conférences populaires, les séances de lecture faites par l'instituteur ou par un conférencier bénévole, les leçons publiques accompagnées de projections lumineuses, les cours techniques et professionnels sur les matières concernant l'agriculture ou l'industrie locale, etc.

A la même époque, un grand nombre de membres du Conseil supérieur de l'instruction publique déposent un vœu tendant à ce que « les cours d'adultes soient réorganisés sur toute l'étendue du territoire et reçoivent une orientation nouvelle en rapport avec les besoins actuels ; que, par des appels et des encouragements, l'Etat suscite l'initiative privée, et qu'il vienne en aide par des subventions à toutes les institutions d'instruction et d'éducation ». La Ligue de l'enseignement, entrant dans la même voie, s'adresse à l'initiative privée, formule de nouveaux programmes à l'usage des cours d'adultes, et porte la question devant le 14° Congrès national tenu à Nantes sous ses auspices, du 2 au 5 août 1894.

 Le décret du 11 janvier 1895 vient modifier divers articles du décret organique du 18 janvier 1887 afin de faciliter l'ouverture des cours d'adultes, de rendre leur organisation plus simple et mieux adaptée aux besoins de leur clientèle.

L'arrêté du 31 mars 1895 institue une Commission chargée d'examiner les moyens de mettre à la disposition des Sociétés d'instruction populaire les appareils à projections lumineuses et les vues photographiques pouvant servir à l'enseignement dans les cours d'adultes et dans les conférences populaires.

Le 10 juillet 1895, le ministre de l'instruction publique, M. Poincaré, rompant avec les traditions, s'adresse directement aux membres des délégations cantonales, des caisses des écoles et des Commissions scolaires, et, dans une circulaire mémorable, expose l'impérieuse nécessité de donner un lendemain à l'école, afin que de douze à dix-huit ans l'apprenti et le jeune ouvrier ne soient pas absolument destitués de tout secours intellectuel et moral, mais reçoivent quelque part, sous des formes appropriées, encore un peu d'enseignement, encore un peu d'éducation. Après avoir rappelé ce que peut, en pareille matière, l'initiative privée soutenue par l'autorité locale, le ministre ajoute :  Ce qui importe, c'est que partout où il y a une école, on sache que cette école n'est pas faite seulement pour les petits écoliers, qu'elle reste ouverte à leurs frères aînés. On peut espérer que d'ici à quelques années, à mesure que les mœurs républicaines auront pénétré plus avant dans les populations, l'école dans chaque village sera connue de tous comme la maison de la jeunesse, toujours hospitalière à ses anciens élèves, comme le foyer intellectuel du pays, le rendez-vous où l'on se retrouve à tout âge pour étudier, pour lire, pour s'instruire, pour échanger des idées, élèves et maîtres, apprentis et écoliers, instituteurs et pères de famille.

En attendant que cet idéal soit réalisé et pour qu'il puisse l'être bientôt, je vous demande à tous et je demande à chacun de vous, messieurs, d'unir vos efforts à ceux du gouvernement, de l'administration et de l'Université.

 Je vous convie à prendre votre part d'une pensée qui est celle du Parlement tout entier. Il s'agit d'ouvrir, en quelque sorte, une seconde phase du développement de notre enseignement populaire. La première a été surtout législative et administrative, elle a constitué les cadres, édicté des règles, fondé un régime légal et nouveau. La seconde devra être marquée surtout par une extension de l'école, que le législateur ne peut imposer impérativement, par son rayonnement naturel sur le pays, par une foule d'œuvres volontaires dues à l'initiative des bons citoyens et propres à décupler les effets utiles de l'instruction populaire.

Quelques jours après, s'ouvre au Havre le Congrès libre des Sociétés d'instruction populaire (30 et 31 août et 1er septembre 1895), sous la présidence du vice-recteur de l'académie de Paris, Gréard. Là sont discutées, avec une ampleur et une ardeur qui ne s'étaient encore jamais rencontrées, toutes les questions qui touchent à l'instruction et à l'éducation post-scolaires.

Dès lors l'impulsion est donnée. Les ministres de l'instruction publique qui se succèdent s'efforcent de l'entretenir, et dans une série de circulaires et de discours convient le personnel de l'enseignement public à tous les degrés à participer à l'œuvre des cours d'adultes.

Afin d'en mieux suivre les progrès, de guider et d'encourager les bonnes volontés, une mission d'enquête est confiée depuis 1895 à un inspecteur général, Edouard Petit, qui, parcourant toute la France, se consacre à sa tâche avec une ardeur d'apôtre. Chaque année, M. Edouard Petit rend compte au ministre de l'instruction publique de l'état des œuvres post-scolaires. Nous extrayons de son rapport pour 1907-1908 les observations suivantes :

« Les cours pour adolescents et adultes ont encore gagné en nombre. On en a compté 48 565, dont 30 271 de garçons, 18.294 de jeunes filles. C'est le total le plus élevé qui ait jamais été atteint. Le nombre des auditeurs assidus a été de 404419 sur 533 676 inscrits ; celui des auditrices assidues, de 203 366 sur 245 713.

M. Duruy entreprit une vigoureuse campagne en faveur des Cours d’adultes. Il s’agissait d’enseigner à lire et à écrire à tout le monde, et de faire disparaître les nombreuses taches noires qui assombrissaient encore la carte de l’instruction en France. Bientôt il y eut des cours d’adultes partout dans les villes et dans les campagnes…

On avait fondé un grand espoir sur les cours d’adultes, et, en effet, le nombre des élèves fut considérable au début ; mais la réalité ne répondit pas aux espérances. D’abord on fit cette remarque que, sauf de rares exceptions, l’adulte qui sait à peine lire et écrire – à plus forte raison celui qui est complètement illettré – éprouve une peine telle à s’assimiler les premiers éléments des connaissances, qu’il se rebute avant d’être arrivé à un résultat appréciable. Quant aux autres, ils auraient pu rafraichir dans leur esprit les études faite jadis, les étendre, et leur donner une tournure pratique et même professionnelle : c’est ce qui a lieu pour quelques uns, surtout dans les grands centres ; mais la plupart d’entre eux ne persévérèrent pas non plus : ils manquaient de zèle et de courage, ils étaient fatigués par le labeur de la journée et mal disposés pour le travail intellectuel, ou bien ils étaient attirés et repris par leurs vielles habitudes de distractions et d’amusements de qualité inférieure. Enfin au bout de deux ou trois années, les cours d’adultes disparurent chez nous comme presque partout.

Alors, toujours sous l’inspiration de M. Duruy, on eut l’idée de remplacer les cours d’adultes proprement dits par des Conférences

 Les mémoires d’un instituteur français par Noël Cauclin, chez Alcide Picard et Kaan, éditeurs, 1896.

Ecole du soir, Photogravure Goupil & Cie, peint par E.-H. Blanchon.

Remarque : De nombreux textes sont inspirés du dictionnaire pédagogique de Buisson.

Leur nombre décline


Leur nombre, qui s'est élevé à 28 586 en 1867, retombe à 23 533 en 1872. Il n'est plus que de 7322 en 1889. Les subventions de l'Etat subissent une diminution correspondante. Après avoir atteint le chiffre de 1 300 000 francs, elles finissent par être réduites à 20 000 francs.

Conseil municipal de la commune de la Houssaye Béranger (Seine-Inférieur) du 15 novembre 1873 :

Le président expose au conseil que lors de la fixation des indemnités à accorder aux instituteurs qui ont dirigé des cours d'adultes pendant l'hiver 1872-1873, Mr le Ministre a accordé une somme de 45F à Mr Jacob pour cet objet et une somme de 15F pour frais de chauffage et d'éclairage.

Que les frais de chauffage et d'éclairage doivent être supportés par la commune.

(ADSM 3E262/23)

  

Ecoles publiques du soir, Le Monde illustré, 1858.

  

Prosper Cyprien Brard,


Né à L’Aigle, dans L’Orne, le 21 octobre 1786, il est élève à l’école des Mines.

Il écrit plusieurs manuels de minéralogie, géologie, et d’histoire naturelle pour la classe industrielle, pour donner accès à son savoir.

En 1815, il devient l'un des concessionnaires des houillères de la Dordogne abandonnées depuis longtemps. En 1816, il fonde la Compagnie des Houilles du Lardin, de Royere et Brard située précisément à Saint-Lazare près de Terrasson.
La mine étant peu rentable, Brard décide de faire construire une verrerie destinée à utiliser les sables vitrifiables de la région et la houille extraite sur place.
Il crée une caisse de secours et une école mutuelle pour ses employés et leurs enfants, aide les agriculteurs à améliorer leur rendement. Les ouvriers sont tenus d’assister aux classes le dimanche.
«  Le Lardin, désert avant son arrivée, devient un petit village remarquable par la propreté de ses maisons et par l’aisance de ses habitants ».

Le village prend en 1839 par ordonnance du Roi Louis-Philippe, le nom  de Brardville.

Il meurt au Lardin le 28 novembre1838.

En 1851, la direction de la verrerie sera confiée aux frères Delas.