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Les congrégations religieuses
Une congrégation religieuse désigne au sens étroit, une association d'hommes ou de femmes catholiques unis par des vœux simples (par opposition aux vœux solennels) ou par une simple promesse d'obéissance.
Au XVIe siècle l'apparition du protestantisme modifie l'attitude des gouvernants. Ils veulent encadrer la formation intellectuelle de la population. L'État royal confie alors l'enseignement à l'Église catholique qui, seule, a les moyens financiers et dispose du personnel nécessaire pour prendre en charge une scolarisation étendue des jeunes.
L'Église catholique s'intéresse d'abord à la scolarisation des futurs cadres civils et militaires du pays. L'ordre des jésuites et la congrégation religieuse des oratoriens ouvrent de nombreux collèges dans ce but. Les études, qui sont de très bonne qualité, y ont une forte imprégnation religieuse. Pour le reste de la population, les rois Louis XIV et Louis XV en 1698 et 1724 ordonnent que des écoles paroissiales sous contrôle du curé ouvrent dans chaque communauté villageoise et dans les villes.
Le Clergé, absorbé par les soins du ministère, ne donne à l'instruction populaire qu'un temps trop restreint. Force est donc de recourir aux soins des laïcs, et comme aucune institution ne les prépare à cette profession, on choisit le premier venu.
Il faut donc, de toute nécessité, grouper un corps enseignant sous la direction de l'Eglise pour astreindre les maîtres à une vie de piété et de sacrifice, et les rendre dignes de travailler avec succès au bien des jeunes âmes qui doivent leur être confiés.
Dans les villes des congrégations religieuses se forment et ouvrent des écoles gratuites.
Tout l'enseignement est donc sous le contrôle matériel et intellectuel de l'Église catholique.
Cependant dès le XVIIIe siècle l'influence de l'Église catholique commence à être critiquée. Les philosophes luttent pour la tolérance religieuse alors que seul le catholicisme est autorisé. Ils demandent aussi la diminution du rôle de la religion dans les affaires publiques. Les jésuites très influents, fortement organisés et qui semblent un « corps étranger » dans le royaume (ils obéissent seulement au pape) sont particulièrement visés. En 1764, ils sont expulsés de France (comme ils le sont d'ailleurs un peu partout en Europe occidentale). Cependant, les Frères des écoles chrétiennes et oratoriens continuent leur enseignement (les oratoriens formeront dans leurs collèges de nombreux révolutionnaires de 1789).
A la révolution de 1789, la situation financière de l'Église catholique est mise à mal. Les impôts religieux sont supprimés, les biens accumulés depuis des siècles sont confisqués.
Le décret du 18 août 1792 prononce la suppression de toutes les congrégations d'hommes et de femmes, tant laïques qu'ecclésiastiques.
Frères des Ecoles chrétiennes ou Frères de la Doctrine chrétienne ou Frères Ignorantins
Les frères des écoles chrétiennes ou lasalliens forment une congrégation laïque masculine de droit pontifical à vœux simples. Fondé à Reims en 1680 par Jean-Baptiste de La Salle, et voué à l'enseignement et à la formation des jeunes, en particulier des plus défavorisés. Les Frères ne sont pas prêtres.
Ce sont les exemples et la direction de Nicolas Barré qui ont exercé sur Jean-Baptiste de La Salle, une influence décisive pour le décider à se sacrifier entièrement à la cause des écoles chrétiennes.
Menacé à Paris de ruine, il trouve à Rouen un asile assuré. Vers la fin de 1705, il transporte son noviciat dans l'ancien manoir de Saint-Yon. A ce noviciat préparatoire, fondé pour le recrutement de l'institut, La Salle adjoint, par la suite, sous le nom de Séminaire de maîtres d'école, une sorte d'école normale, où doivent être formés les instituteurs des communes rurales, et annexe à cette école normale une école primaire, où la classe est faite par les normaliens eux-mêmes, sous la direction d'un maître expérimenté.
Les directions pédagogiques que La Salle veut donner à ses écoles sont écrites dans son livre : Conduite des écoles, dont la première édition parait à Avignon en 1720.
La Salle substitue le mode simultané au mode individuel en usage dans l'enseignement élémentaire. En accord avec Port-Royal, il apporte dans l'enseignement de la lecture une innovation importante : commencer par la lecture en français alors que selon la pratique suivie dans les petites écoles, les élèves commencent par la lecture en latin. A cet effet, il écrit des livres de lectures, tels que : la Civilité et les Devoirs du chrétien.
La lecture, l'écriture, l'orthographe, l'arithmétique réduite aux quatre règles et le catéchisme ; voilà le programme pendant tout le XVIIIe siècle.
Les prières et les exercices religieux tiennent naturellement une grande place.
Jean-Baptiste de La Salle meurt à Saint-Yon le 7 avril 1719.
L'Institut qui commence à s'étendre dans le royaume est composé que de séculiers. Ils sont incorporés à l'état religieux en 1725.
Les frères portent une longue cape sur leur robe noire à rabat blanc. Cette cape a deux manches, toujours vides, qui flottent, d’où leur nom de « Frères à quatre bras ». Ils sont coiffés, quand ils sortent, d’un tricorne, abandonné à la fin des années quarante.
Signal.
Conduite des Ecoles chrétiennes, par le vénérable De La Salle, nouvelle édition revue, corrigée et approuvée par le Chapitre Général de 1837.
A Paris, chez Tre Moronval, Imprimeur-Libraire, 1856.
- Les douze vertus d'un bon maître par M. De la Salle, instituteur des Frères des Ecoles chrétiennes, Expliquées par le Frère Agathon, Supérieur Général, A Lyon, de l'Imprimerie de Rusand, Libraire, Imprimeur du Roi, 1812.
Jean-Baptiste de La Salle
Tableau de l'Hôtel de La Salle à Reims.
(Reims 1651 - Rouen 1719)
La monarchie de la Restauration tout comme Napoléon, comprenant l'enjeu qu'il représente pour le rétablissement de l'ordre social et politique, encouragent la participation de l''église dans le développement de l'enseignement primaire populaire.
Néanmoins, le Parti libéral décide le Roi à maintenir l'Université par une ordonnance datée du 15 août 1815 en opposition au parti des « ultras », qui demande sa destruction totale et qui veut remettre entièrement l'éducation publique entre les mains de l'Eglise.
On voit de nouveau pulluler en France les communautés religieuses que la Révolution avait détruites. C'est à cette époque que remonte la jurisprudence qui les distingue en congrégations autorisées ou reconnues, qui ont reçu du gouvernement une existence légale, et en congrégations non autorisées. La reconnaissance légale est accordée à ces congrégations de communautés sous différentes formes. L'institut des Frères des Ecoles chrétiennes a une situation particulière, résultant de l'article 109 du décret constitutif de l'Université impériale.
Quant aux congrégations fondées à l'époque de la Restauration, le gouvernement n'ose pas, en présence de la loi du 2 janvier 1817 relative aux établissements ecclésiastiques, leur conférer par simple ordonnance royale le droit de recevoir des dons et legs et d'acquérir des immeubles ou des rentes : le gouvernement imagine de reconnaître ces communautés comme de simples associations charitables vouées à l'enseignement ; au lieu de viser la loi du 2 janvier 1817, on vise l'ordonnance du 29 février 1816 relative à l'enseignement primaire.
ART. 36. — Toute association religieuse ou charitable, telle que ceux des écoles chrétiennes, pourra être admise à fournir, à des conditions convenues, des maîtres aux communes qui en demandent, pourvu que cette association soit autorisée par nous, et que ses règlements et les méthodes qu'elle emploie aient été approuvés par notre Commission de l'instruction publique.
ART. 37. — Ces associations, et spécialement leurs noviciats, pourront être soutenus au besoin soit par les départements où il serait jugé nécessaire d'en établir, soit sur les fonds de l'instruction publique.
Cette ordonnance, en effet, parle d'associations religieuses et charitables qui sont autorisées par le roi, et qui, fournissant des maîtres aux communes, peuvent être soutenues sur les fonds de l'instruction publique. Mais les congrégations ainsi autorisées ne reçoivent pas la capacité civile : les autorisations portent que les dons et legs qui leur sont faits seront accepté par l'Université, qui doit les faire jouir de ces libéralités ; l'Université est en quelque sorte la maison mère des associations religieuses enseignantes autorisées ; celles-ci ne sont qu'une dépendance de l'Université, qui accepte leur concours et reçoit ce qui leur est donné à la charge de leur en attribuer les avantages. L'institut des Frères des Ecoles chrétiennes, seul, a une personnalité distincte et reçoit directement, avec l'autorisation du gouvernement, les dons qui lui sont faits.
Le Ministre de l'Intérieur et le Président de la Commission Royale de l'Instruction publique Royer-Collard, par l'intermédiaire des Recteurs d'Académie, exige comme la loi le demande, les brevets à toutes les congrégations. Les Frères des Ecoles chrétiennes affirment n'être astreints qu'à la surveillance et refusent de s'y soumettre.
Les Frères pensent que l'on veut leur imposer l'enseignement mutuel par le biais du brevet individuel, qu'en vertu de l'article 30 de l'Ordonnance de 1816, la Commission de l'Instruction publique a le droit formel d'imposer les méthodes à suivre.
ART. 30. — La Commission de l'instruction publique veillera avec soin à ce que dans toutes les écoles l'instruction primaire soit fondée sur la religion, le respect pour les lois et l'amour dû au souverain: elle fera les règlements généraux sur l'instruction primaire, et indiquera les méthodes à suivre dans cette instruction, et les ouvrages dont les maîtres devront faire usage.
Les Frères des Ecoles chrétiennes estiment que les Ecoles Chrétiennes ne sauraient être une dépendance de l'instruction Universitaire. Le statut des Frères forment une association respectable, dans laquelle le Corps et les membres qui le composent, trouvent un état ou mode d'existence, auquel sont attachés des droits qui lui sont propres. A l'égard de l'enseignement, que cet enseignement est religieux, approprié spécialement aux besoins des pauvres, absolument distinct de l'enseignement Universitaire, avec lequel il n'a presque rien de commun…
L'institut est régi par des statuts qui fixent les conditions de l'association. Chacun des membres a fait vœu d'obéir ponctuellement au Supérieur général, de n'avoir points d'autres volontés que les siennes, de ne contracter aucun engagement, de n'accepter aucun titre, aucune mission que de lui…
Les Frères sont une milice enseignante dont chaque membre est nécessairement à la disposition absolue de son chef. La possibilité seule de se soustraire au commandement briserait le lien de la subordination.
Si donc la règle qui forme le mode d'exister, la méthode qui forme le mode d'enseigner, sont incompatibles avec l'obtention d'un diplôme, avec la souscription d'un engagement pris en dehors de la Congrégation, il est évident que l'on ne saurait imposer la condition de ce diplôme, de cet engagement, après l'autorisation donnée… (Piet, député de la Sarthe, le 26 décembre 1818)
Une telle exception, si elle est reconnue et consacrée, porterait atteinte grave à l'autorité du Roi, comme à la législation actuelle de l'instruction publique, écrit le Ministre de l'Intérieur Decazes.
L'ordre est donné aux Recteurs d'Académie de s'opposer à l'ouverture de toute école nouvelle, tant que les Frères n'auront pas pris les brevets.
Des consultations s'établissent en 1819, avec le gouvernement pour régler la crise.
Le Clergé est d'avis que le Supérieur Général peut autoriser ses Frères à prendre des brevets individuels, à la condition 1° que le brevet soit délivré à chacun d'eux, sans autre formalité que la présentation de son obédience ; 2° que le Supérieur Général demeure libre de placer et déplacer les Frères suivant les exigences du service des écoles, exigences dont il est seul juge.
L'affaire des Frères des Ecoles chrétienne se termine par un arrangement avec le Ministre Decazes. Les brevets ou diplômes seront donnés à chaque Frère sur la présentation de son obédience, et seront tous transmis au Supérieur Général qui en demeure dépositaire et continuera d'opérer les placements ou changements que l'utilité du service des écoles exigent.
Délivré sans examen, sur le vu de la lettre d'obédience, le brevet n'a pas la vertu de transformer un Frère en maître d'école institué par le Recteur.
L'ordonnance du 3 avril 1820, rend applicables aux écoles de filles les dispositions de l'ordonnance du 29 février 1816, en leur faisant délivrer les brevets sur le vu des lettres d'obédience.
Pour accaparer l'enseignement primaire, l'Institut des Ecoles chrétiennes, songe à former des instituteurs laïques. Le 19 mars 1829, une première école spéciale destinée à former, aux procédés de la méthode d'enseignement simultané, des maîtres d'école pour les principales villes du département, ouvre à Rouen, dans les anciens bâtiments du Couvent de Saint-Lô, où était établie la maison d'arrêt de la ville.
La loi Falloux de 1850, reprend et renforce les dispositions prises depuis 1815 et place l'enseignement public sous la surveillance étroite de l'Église catholique.
Art. 31. – Les instituteurs communaux sont nommés par le conseil municipal de chaque commune, et choisis, soit sur une liste d’admissibilité et d’avancement dressée par le Conseil académique du département, soit sur présentation qui est faite par les supérieurs, pour les membres des associations religieuses vouées à l’enseignement et autorisées par la loi et reconnues comme établissements d’utilité publique.
Art. 49. – Les lettres d’obédience tiendront lieu de brevet de capacité aux institutrices appartenant à des congrégations religieuses vouées à l’enseignement et reconnues par l’Etat.
L’examen des institutrices n’aura pas lieu publiquement.
Cette loi donne au gouvernement le droit de reconnaître comme établissements d'utilité publique les associations, religieuses ou non, vouées à l'enseignement.
Les congrégations qui demandent l'autorisation sont donc reconnues non plus comme « associations religieuses ou charitables », mais, aux termes de la loi de 1850, comme « établissements d'utilité publique » ; et elles obtiennent ainsi la personnalité civile, qui sous le régime antérieur à 1850 n'avait pu leur être accordée.
De 1870 à 1879, l'Église catholique soutient fortement les tentatives de rétablissement de la royauté en France, malgré la proclamation de la Troisième République en 1870. Installés au pouvoir en 1879, les républicains décident d'interdire l'influence directe de l'Église catholique dans la scolarisation des jeunes Français.
Avec la loi du 18 mars 1880, Jules Ferry tente d'interdire d'enseigner aux congrégations.
Art. 7 – Aucun établissement d'enseignement libre, aucune association fondée en vue de l'enseignement supérieur ne peut-être reconnue d'utilité publique qu'en vertu d'une loi.
L'article 7, par l'orientation qu'il donne, soulève une opposition forcenée, suscite de violent et durable conflit. Une lutte entre Jules Ferry et son ami Jules Simon s'établit au Sénat.
Devant le rejet du Sénat, on applique les vieux textes ; la loi organique du Concordat du 18 germinal an X, art. 11, l'art. 4 de la loi du 3 messidor an XII (au terme duquel "aucune congrégation ou association d'hommes ou de femmes ne pourra à l'avenir se former sous prétexte de religion, à moins qu'elle n'ait été formellement autorisée par un décret impérial sur le vu des statuts et règlements") et l'ordonnance de Charles X datant de 1820 qui excluait les Jésuites de l'enseignement des petits séminaires et des collèges. Une circulaire de Fortoul avait officiellement déclaré que la loi Falloux ne pouvait en rien permettre d'éluder les prohibitions antérieures. Par conséquent, malgré les protestations de la droite, les vieux textes sont parfaitement applicables, et seule une tolérance leur avait laissé la possibilité aux congrégations de se multiplier.
Suivent alors deux décrets le 29 mars 1880, le premier exige la dissolution de la Compagnie de Jésus et le second une demande d'autorisation pour toutes les congrégations non autorisées. Un délai de trois mois leur est accordé pour faire la démarche. Quant aux Jésuites, ils sont expulsés le 30 juin.
Les autres congrégations enseignantes décident alors de se solidariser avec les Jésuites et, soutenus en cela par l'Episcopat et une grande partie des catholiques, refusent de faire les démarches d'autorisation. La fermeture de nombreux établissements scolaires et les expulsions de congrégations enseignantes suivent. Au total 5700 religieux sont expulsés de France et, en quelques semaines, 261 couvents sont fermés.
Un certain nombre tente de résister. Des personnes par ailleurs se mobilisent corporellement ou intellectuellement dans tout le pays, pour sauver ce qui peut encore l'être du monde religieux.
L'application ne va pas sans difficultés. On confie aux autorités administratives et à la police le soin de procéder à l'expulsion des religieux qui ne se sont pas mis en règle.
La loi du 16 juin 1881, supprime le privilège de la lettre d'obédience dont bénéficient les congrégations religieuses.
Art.1 – Nul ne peut exercer les fonctions d'instituteur ou d'institutrice titulaire, d'instituteur adjoint chargé d'une classe ou d'institutrice adjointe chargée d'une classe, dans une école publique ou libre, sans être pourvu du brevet de capacité pour l'enseignement primaire.
Art. 3 – Les personnes occupant, sans brevets et certificats sus énoncés, les fonctions énumérées aux articles précédents, devront, dans un laps d'un an, à partir de la promulgation de la loi, se présenter devant les commissions d'examen instituées pour décerner lesdits brevets et certificats.
Ainsi pendant deux ans, à travers plusieurs changements de ministres, la question ne cesse-t-elle de s'envenimer, et la menace qui à l'origine visait surtout les jésuites gagne l'ensemble des congrégations.
Lorsque Jules Ferry retrouve son poste au ministère en 1883, il accorde officieusement le retour des congrégations enseignantes, à l'exception des Jésuites.
Néanmoins, avec la loi du 30 octobre 1886 qui laïcise le personnel enseignant, les religieux et religieuses enseignants n'ont plus la responsabilité du service public.
Après l'Affaire Dreyfus, pendant laquelle de très nombreuses personnalités catholiques ont montré leur antisémitisme et leur animosité contre la République, de nombreuses lois votées entre 1901 et 1905, visent à étouffer la pratique de l'enseignement scolaire religieux en France.
Les congrégations enseignantes séculières laïques d'hommes autorisées sont, en 1878, au nombre de vingt-trois. Nous en donnons ci-dessous la liste, avec la date de l'autorisation :
1° Frères des Ecoles chrétiennes, dits de Saint-Yon, — décret du 17 mars 1808 ;
2° Frères de l'Instruction chrétienne, dits de Lamennais, à Ploërmel (Morbihan), — autorisés le 1er mai 1822 pour les cinq départements de la Bretagne. Un décret du 9 mai 1876 avait étendu cette autorisation à toute la France ;
3° Frères de la Doctrine chrétienne, dits de Sion-Vaudemon, à Vézelise, puis à Nancy (Meurthe-et-Moselle), — 17 juillet 1822:
4° Frères de l'Instruction chrétienne, à Saint-Paul-Trois-Châteaux (Drôme), — 11 juin 1823 ;
5° Frères de Saint-Antoine, à Paris, — 23 juin 1823 ;
6° Frères de Sainte-Croix, dits de Saint-Joseph, au Mans (Sarthe), — 25 juin 1823 ;
7° Frères de l'Instruction chrétienne du Saint-Esprit, dits de Saint-Gabriel, à Saint-Laurent-sur-Sèvre (Vendée), — 17 septembre 1823 et 3 mars 1853 ;
8° Frères de Saint-Joseph, à Saint-Fuscien (Somme), — 3 décembre 1823 ;
9° Frères de l'Instruction chrétienne, dits du Sacré-Coeur, au Paradis-lès-le-Puy (Haute-Loire), 10 mars 1825 et 29 novembre 1829 ;
10° Frères de la Société de Marie, ou Marianistes, à Bordeaux, transférée à Paris le 18 août 1860, — 16 novembre 1825 ;
11° Frères de Saint-Viateur, aux Ternes (Cantal), — 10 janvier 1830 ;
12° Frères de Saint-Viateur, à Vourles (Rhône), — 10 juin 1830 ;
13° Petits Frères de Marie, à Notre Dame de l'Hermitage (Loire), — 21 juin 1851, et à Saint-Genis-Laval (Rhône) — 12 novembre 1868 ;
14° Frères de Notre-Dame de Bon-Secours, à Oran (Algérie), — 16 avril 1853 ;
15° Frères de Saint-Joseph, à Oullins (Rhône), — 6 mai 1853 ;
16° Frères de Saint-François d'Assise, à Saint-Antoine-des-Bois (Charente-Inférieure), — 4 mai 1854 ;
17° Frères de la Croix de Jésus, à Menestruel (Ain), — 4 mai 1854 ;
18° Frères de Saint-François-Régis, à la Roche-Arnaud, près le Puy (Haute-Loire), — 19 août 1856 ;
19° Frères des Ecoles chrétiennes de la Miséricorde, à Montebourg (Manche), — 4 septembre 1856 ;
20° Frères de la Sainte-Famille, à Belley (Ain), — 10 janvier 1874 ;
21° Frères du Saint-Esprit et du Saint-Coeur de Marie, à Paris, — 20 février 1874 ;
22° Association des Frères laïques de la congrégation de la Mission, dite de Saint-Lazare, à Paris, — 28 janvier 1875 ;
23° Association de Notre-Dame d'Afrique, branche laïque de la congrégation ecclésiastique dite des Pères-Blancs, à Alger, — 31 août 1878.
Sur les vingt-trois congrégations enseignantes d'hommes autorisées, deux, les Frères de Saint-Antoine à Paris (n° 5) et les Frères de Notre-Dame du Bonsecours, à Oran (n° 14), ont disparu après 1878, et ne figurent plus dans l'Annuaire ecclésiastique de 1901. Une autre, les Frères de Saint-Joseph, à Oullins, a été supprimée par décret du 25 septembre 1888 à la suite de désordres. Les Frères de l'Instruction chrétienne à Saint-Paul-Trois-Châteaux (n0 4) se sont fondus dans la congrégation des Petits Frères de Marie (n° 13) ; les Frères de Saint-Viateur aux Ternes (n° 11) se sont fondus dans la congrégation des Frères de Saint-Viateur de Vourles (n° 12). Enfin les Frères de Saint-François d'Assise à Saint-Antoine-des-Bois (n0 16) ont également cessé d'avoir une existence indépendante, et se sont fondus, sous le nom de colonie agricole de Saint-Antoine, dans la congrégation non autorisée des Pères Salésiens de Dom Bosco. Des vingt trois congrégations de la liste ci-dessus, il n'en restait donc plus, au moment du vote de la loi du 1er juillet 1901 sur les associations, que dix-sept.
(Dictionnaire pédagogique de Buisson)
La loi du 1er juillet 1901 vise les congrégations non autorisées ou en instance d'autorisation Elle décide, qu'aucune congrégation religieuse ne peut se former sans une autorisation donnée par une loi et interdit l'enseignement aux membres des congrégations religieuses non autorisées.
Art. 13 -- Aucune congrégation religieuse ne pourrait se former sans une autorisation donnée par une loi.
Art. 14 -- Nul n'est admis à diriger soit directement, soit par personne interposée, un établissement d'enseignement, de quelque ordre qu'il soit, ni à donner l'enseignement, s'il appartient à une congrégation religieuse non autorisée.
Les contrevenants seront punis des peines prévues à l'art. 8, paragraphe 2 [amende de 16 à 5000 francs, et emprisonnement de six jours à un an].
La fermeture de l'établissement pourra, en outre, être prononcée par le jugement de condamnation.
Les Frères des Ecoles chrétiennes, reconnus par le décret du 17 mars 1808, se trouvent en règle. Mais les autres congrégations enseignantes laïques précédemment autorisées (il en reste seize), ne devant pas leur reconnaissance à un acte législatif, doivent, dans le délai de trois mois, faire les diligences nécessaires pour se conformer aux prescriptions de la loi de 1901. Treize d'entre elles — celles qui, dans l'énumération ci-dessus, figurent sous les nos 2, 3, 6, 7, 8, 9, 10, 12, 13, 17, 18, 19, 20, sollicitent l'autorisation : la Chambre, statuant sur leurs demandes, leur refuse l'autorisation législative (1903), et, par mesure surérogatoire, l'autorisation administrative dont elles avaient précédemment joui leur est retirée par décret du 9 avril 1903.
Les deux associations enseignantes dites Frères du Saint-Esprit et du Saint-Cœur de Marie (n° 21) et Frères laïques de la congrégation de la Mission ou de Saint-Lazare (n° 22) sont des branches laïques des deux congrégations ecclésiastiques dites Pères du Saint-Esprit et Pères Lazaristes, reconnues sous la Restauration par une loi (de même que le furent les Missions étrangères et les Sulpiciens). Ces deux congrégations demandent, en 1901, pour les établissements formés par leur branche laïque, l'autorisation devenue nécessaire, autorisation qui, pour les établissements fondés par une congrégation religieuse reconnue par une loi, est donnée par un simple décret (art. 13 de la loi du 1er juillet 1901) : cette autorisation est refusée (décret du 20 novembre 1903).
Ajoutons que la congrégation ecclésiastique des Salésiens, dans laquelle se sont fondus les Frères de Saint-François d'Assise (n° 16), a présenté une demande d'autorisation qui est rejetée par le Sénat en 1903.
Ces dispositions, qui laissent subsister le statu quo en ce qui concerne les associations enseignantes pourvues d'une autorisation régulière, sont complétées par la loi du 7 juillet 1904.
Art. 1. -- L'enseignement de tout ordre et de toute nature est interdit en France aux congrégations.
Les congrégations autorisées à titre de congrégations exclusivement enseignantes seront supprimées dans un délai maximum de dix ans.
Il en sera de même des congrégations et des établissements qui, bien qu'autorisés en vue de plusieurs objets, étaient, en fait, exclusivement voués à l'enseignement à la date du 1er, janvier 1903.
Les congrégations qui ont été autorisées et celles qui demandent à l'être, à la fois pour l'enseignement et pour d'autres objets, ne conservent le bénéfice de cette autorisation ou de cette instance d'autorisation que pour les services étrangers à l'enseignement prévus par leurs statuts. »
Art. 2. -- Les noviciats des congrégations exclusivement enseignantes seront dissous de plein droit, à l'exception de ceux qui sont destinés à former le personnel des écoles françaises à l'étranger, dans les colonies et les pays de protectorat.
Art. 3. -- Seront fermés dans le délai de dix ans prévu à l'article 1er :
1° Tout établissement relevant d'une congrégation supprimée par application des paragraphes 2 et 3 de l'art. 1er;
2° Toute école ou classe annexée à des établissements relevant d'une des congrégations visées par le paragraphe 4 de l'art. 1er, sauf exception pour les services scolaires uniquement destinés à des enfants hospitalisés, auxquels il serait impossible, pour des motifs de santé ou autres, de fréquenter une école publique.
La fermeture des établissements et des services scolaires sera effectuée, aux dates fixées pour chacun d'eux, par un arrêté de mise en demeure du ministre de l'intérieur, inséré au Journal officiel. Cet arrêté sera, après cette insertion, notifié dans la forme administrative au supérieur de la congrégation et au directeur de l'établissement, quinze jours au moins avant la fin de l'année scolaire.
Il sera en outre rendu public par affichage à la porte de la mairie des communes où se trouveront les établissements supprimés.
Art. 6. – Sont abrogées toutes les dispositions des lois, décrets et actes des pouvoirs publics contraires à la présente loi, et notamment l'article 109 du décret du 17 mars 1808.
La loi du 7 juillet 1904 doit achevé la suppression de l'enseignement congréganiste.
En conséquence de cette loi, les Frères des Ecoles chrétiennes, seule congrégation enseignante qui se trouve encore autorisée après l'entrée en vigueur de la loi du 1er juillet 1901, cesse d'avoir une existence légale, et leurs écoles doivent toutes être fermées dans un délai qui expirera en 1914.
Il reste à fermer, en 1910, en totalité ou partiellement, une centaine d'établissements de congréganistes femmes, enseignants ou mixtes.
L'œuvre de laïcisation accomplie jusqu'ici est donc loin d'avoir supprimé en réalité l'enseignement congréganiste, du moins dans certaines parties de la France.
Expulsés dans des conditions souvent pénibles, les congrégations gardent la mémoire de la patrie perdue et sont attachés à manifester à toute occasion leur patriotisme.
Suite à l'entrée en guerre le 2 août 1914, l'application des décrets sur les fermetures d'établissements et les dissolutions de congrégations sont suspendues.
De nombreux religieux exilés franchissent les frontières pour se mettre à la disposition des armées.
En janvier 1917, Georges Clémenceau écrit : qu'il serait monstrueux de chasser de nouveaux, la guerre terminée, les gens aux soins desquels on a été trop heureux de confier nos nombreux blessés qui, sans eux, n'en auraient reçu aucun. La Séparation, la loi des associations dans leur forme actuelle, constituent de lourdes fautes. La guerre peut fournir des occasions de les séparer. Il serait inique, donc impolitique, de les laisser s'enfuir.
Pourtant pas question de révision légale : les exilés rentreront donc, s'ils le désirent dans l'anonymat.
La fin de la guerre permet tous les espoirs aux communautés religieuses de revenir dans leur chère patrie.
Le déclin de l'anticléricalisme et l''élection d'une Chambre des Députés "bleu horizon" en 1919, permet un fort mouvement de retours, déjà amorcé durant les hostilités.
De tous les horizons, les religieux et religieuses continuent à revenir en France.
Les lois du régime de Vichy, en octobre 1941 et avril 1942, mettent un terme aux causes des départs forcés de religieux vers l'étranger.
Le 31 décembre 1959, le premier ministre Michel Debré fait voter la loi qui inscrit pour la première fois dans les textes la «liberté de l'enseignement» et propose à toutes les écoles privées de passer avec l'État un «contrat d'association». En échange, leurs «dépenses de fonctionnement» seront prises en charge dans les mêmes conditions que celles du public. L'idée est alors de trouver des solutions à la poussée démographique et aux difficultés financières rencontrées par le privé. Les établissements catholiques ont accepté ce contrat d'autant plus facilement qu'il leur garantit la liberté pédagogique.
Les quelques congrégations qui restent aujourd'hui ne suscitent plus de vocations religieuses. Seules les plus importantes résistent encore, comme les Lassalliens.
Ces congrégations font surtout appel à des laïcs, qui sont aujourd'hui à la tête de la plupart de leurs établissements.
Les principales congrégations en France en 1901, revue universelle, Librairie Larousse.
- Mère Saint-Joseph, fondatrice de la Congrégation des Soeurs du Sacré-Coeur de Jésus à Saint-Aubin-les-Elbeuf en Seine-inférieure.
Sœurs des Ecoles Charitables du Saint Enfant Jésus
ou Sœurs de la Providence
La congrégation est fondée par Nicolas Barré qui est né à Amiens en 1621. II arrive à Rouen au Monastère des Minimes en 1659.
Le principal obstacle à la diffusion de l'instruction, pense-t-il, se trouve dans l'insuffisance des maîtres.
En 1666, il crée le premier séminaire de maîtresses charitables et en fait de vraies religieuses.
L'esprit de l'Institut des Sœurs Maîtresses des Ecoles Charitables du Saint Enfant Jésus est d'enseigner au prochain de leur sexe les premiers éléments de la doctrine chrétienne. L'institut prendra à la longue à Rouen le nom de Sœurs de la Providence.
Pour atteindre tous les enfants du peuple, le Père Barré ouvre à Rouen des Ecoles Charitables pour les garçons. Il établit également un séminaire pour former des maîtres qui portent le titre de Frères du Saint Enfant Jésus. Les écoles de garçons n'ont pas le succès et l'extension de celles des filles.
Les sœurs maîtresses ne font pas de vœux d'obéissance, de pauvreté et de chasteté et n'en doivent jamais faire. Le père Barré ne veut pas lier ses filles par aucun engagement religieux de peur de les voir obliger de se cloîtrer.
Elles s'installent rue de l'Epée à Rouen et ouvrent une première succursale à Reims.
Le père Barré quitte Rouen pour Paris en 1675 pour s'intéresser aux écoles charitables de la ville et fonder un séminaire.
Les Ecoles charitables se multiplient en provinces.
Pour s'occuper des jeunes filles finissant l'école, afin d'éviter qu'elles perdent bien vite tout le bénéfice de leur éducation chrétienne, le père Barré crée, à côté des écoles d'instruction, des écoles de travail (sorte d'ouvroirs). Elles sont gratuites, deux sœurs y sont affectées.
Les œuvres des sœurs sont d'abord de tenir gratuitement les classes pour les jeunes enfants de leur sexe, qui apprennent sous leur conduite, à lire, à écrire et surtout à connaître, à aimer et servir Dieu.
Les écoles sont ouvertes en été à 7 heures, de Pâques à la Toussaint, et en hiver, de la Toussaint à Pâques, à 7h30. La sortie a lieu le soir, à 4h30 ou 4 heures. Elles sont divisées en deux ou trois classes de trente à quarante élèves chacune. Le temps est réparti, pour le matin, en leçons de lecture (en latin) et d'écriture. A 9 heures, au signal de la cloche, se fait la prière du matin, puis vient le petit déjeuner, en silence, pendant un quart d'heure environ. La classe continue par les leçons et par le travail aux ouvrages. A 10h30, on récite les prières pour la sortie. Et l'on se rend à l'église pour la messe ou pour une visite au Saint-Sacrement ; après quoi, ou renvoie les élèves. L'après-midi, les classes reprennent à 1heure ou 1h30, selon la saison. Une petite prière, puis la lecture, cette fois sur un texte français, et enfin des exercices d'orthographe et d'arithmétique composent le programme des classes. Le goûter et la sortie suivent.
L'enseignement comprend tout naturellement l'enseignement religieux. Le mardi et le vendredi, on consacre une heure au catéchisme, et les leçons sont récitées le dimanche à l'église. En outre, chaque samedi, et aux veilles de fêtes, la maîtresse fait une petite instruction sur l'esprit des mystères que célèbre la liturgie.
Au reste, comme on le devine, le sens chrétien se mêle à toute la vie des élèves, car on leur rappelle à chaque instant le devoir de s'élever vers Dieu…
Pour dresser les petites filles tant à la pratique des vertus qu'au soin du ménage, la maîtresse leur donne quelques petites charges, qu'on change de mois en mois.
La discipline morale est sévère. On utilise tout un attirail de punitions graduées : les bâillons pour les bavardes, les oreilles d'ânes pour les paresseuses, la langue rouge aux menteuses et même le fouet pour les manquements les plus graves : cette dernière pénitence est administrée derrière un rideau. Les enfants incorrigibles sont placées à la porte et on finit par les congédier.
Les récompenses jouent aussi leur rôle dans cette discipline ; aux élèves les plus méritantes on donne un livre de piété, des cantiques spirituels, des Agnus Dei, des images et des médailles. La plus belle récompense, c'est de communier.
Nicolas Barré meurt le 31 mai 1686.
Frères et sœurs de Saint-Charles
Charles Démia, prêtre lyonnais originaire de Bourg en Bresse (né le 3 octobre 1637), est le fondateur de la communauté des frères et des sœurs de Saint-Charles.
En 1664, Charles Démia, désigné pour la visite des paroisses du diocèse, constate que les enfants du menu peuple sont dans le dernier libertinage faute d'instruction. De là, il prend la résolution d'appliquer tous ses soins à l'établissement des catéchismes et de la discipline des écoles.
Il adresse aux prévôts des marchands et aux échevins de Lyon des Remontrances pour l'établissement d'écoles chrétiennes pour l'instruction des enfants pauvres (1666), puisque de là dépend le bonheur et la tranquillité publique, qui ne peuvent subsister, à moins que les particuliers ne s'acquittent de leurs devoirs envers Dieu, envers leur patrie et leur famille.
Sans attendre, il ouvre en 1667 une première école gratuite dans le quartier ouvrier de cette ville.
Il s'affilie en 1669, à la compagnie du Saint-Sacrement, puissante à Lyon.
Il obtient que le consulat de Lyon accorde (1670) à la nouvelle œuvre une subvention annuelle de deux cents livres, « pour être employée à l'établissement et entretien d'une école publique, pour instruire les pauvres aux principes de la religion chrétienne et même à lire et à écrire ».
Il établit en 1671 (confirmé en 1681), le petit séminaire de Saint-Charles, sorte d'école normale, pour y entretenir et élever des maîtres d'école et des pauvres ecclésiastiques destinés auxdits emplois. La communauté fait profession particulière de ne s'appliquer à la prédication, mais seulement à l'instruction du pauvre peuple. Des laïque y sont admis.
Dans les années suivantes, Démia, aidé de quelques personnes charitables, ouvre de nouvelles écoles gratuites, si bien qu'à la fin de 1672 on en compte cinq.
Nommé par l'archevêque de Lyon à la direction de toutes les écoles du diocèse en 1672, il se fait aider dans son administration par un conseil de « seize recteurs, tant ecclésiastiques que laïques », qui prend le nom de Bureau des écoles. Les lettres patentes du roi de 1681, consacre définitivement son établissement.
Une des fonctions principales des membres du Bureau des écoles est d'inspecter les écoles.
Démia appelle l'attention de l'archevêque sur l'insuffisance et l'incapacité de la plupart des maîtres et maîtresses qui tiennent école à Lyon. Il travaille à la mainmise de l'Eglise, sur ce qu'il peut y avoir alors d'enseignement libre et en un sens laïque.
Démia sollicite et obtient du Conseil d'Etat un arrêt en date du 7 mai 1674, qui défend expressément de tenir des petites écoles pour l'instruction de la jeunesse sans la permission de l'archevêque ou de son substitué. C'est lui qui dorénavant a la charge de donner ou refuser l'autorisation d'enseigner.
En 1675, il établit les deux premières écoles gratuites de filles,
En 1687, Démia organise l'équivalent du séminaire de Saint-Charles pour les institutrices. Moitié laïques, moitié ecclésiastiques, les sœurs ne contractent qu'un engagement scolaire.
Dans les écoles de filles, dont le nombre est bientôt de six, les maîtresses, outre la lecture et l'écriture, enseignent à faire de petits ouvrages manuels, comme des boutons, de la dentelle, etc.
Après la révocation de l'Edit de Nantes, Louis XIV, voulant s'assurer de l'orthodoxie des maîtres et forcer les enfants des protestants à fréquenter les écoles catholiques, écrit (1686) à l'archevêque de Lyon pour l'inviter à préposer des ecclésiastiques à la visite des écoles du diocèse. C'est Démia qui organise ces visites, dont les procès-verbaux sont conservés.
En 1688, Démia fait paraître des Règlements pour les écoles de la ville et diocèse de Lyon (chez André Olyer. 1 vol. petit in-4°). qui contiennent l'exposé de ses doctrines pédagogiques. En dehors des catéchismes, le programme des écoles des pauvres comprend la lecture, l'écriture, quelques notions d'orthographe et de grammaire, et les principes de l'arithmétique.
Démia meurt en 1689.
L'oeuvre de Démia subsiste dans son intégralité jusqu'au 29 septembre 1790.
Frères de l’instruction chrétienne (dits de Lamenais)
Cette congrégation, fondée en 1819 à Ploërmel (Morbihan) par Jean-Marie de La Mennais, est la première des nouvelles congrégations en France à recevoir la reconnaissance légale.
C'est à Saint-Brieuc, pour contrecarrer l'enseignement mutuel en plein essor, que Jean-Marie de La Mennais fait venir, en1818, les frères des écoles chrétiennes pour s'occuper des garçons et réunit plusieurs pieuses demoiselles pour prendre soin des petites filles qui donnera naissance à la congrégation des Filles de la Providence de Saint-Brieuc. Les frères des écoles chrétiennes, selon De la Salle, ne peuvent pas être moins de trois ce qui empêche le développement d'écoles dans les campagnes. La Mennais associé au curé d'Auray, Gabriel Deshayes qui a déjà eu l'idée, fondent en 1819 une congrégation de frères pour la tenue des écoles de campagne autour de maisons centrales urbaines.
L'ordonnance royale d'autorisation (1er mai 1822) lui accorde le droit d'exercer dans les cinq départements de l'ancienne Bretagne ; l'article 3 de l'ordonnance porte que « le brevet de capacité serait délivré à chaque frère de l'Instruction chrétienne sur le vu de la lettre particulière d'obédience qui lui aurait été délivrée par le supérieur général de ladite société».
En 1824, la maison-mère de la congrégation s'établit à Ploërmel, dans un ancien couvent ruiné d'Ursulines, La Mennais est alors seul à la tête de l’institution.
La Conduite des Ecoles Chrétiennes de Jean-Baptiste de La Salle reste jusqu'en 1868, le directoire pédagogique des Frères de Ploërmel. L F. Job écrit un nouveau guide le Guide de l'instituteur.
En 1840, la maison principale comptait 130 frères y compris les novices, et donnait l'instruction professionnelle en même temps que l'enseignement primaire à de jeunes orphelins ou enfants abandonnés, répartis dans des ateliers de serrurerie, de charronnage, de menuiserie, de charbonnerie, etc. Les Frères de Ploërmel comptaient à cette époque, en Bretagne, près de 200 écoles et un certain nombre d'établissements à la Martinique et à la Guadeloupe, où ils instruisent les esclaves affranchis
Quand Jean-Marie de La Mennais meurt en 1860, huit cents frères enseignent dans trois cent cinquante écoles.
Cette congrégation est supprimée en 1901.
- CPA, Ploermel (Morbihan, vue aérienne de l'Ecole Lamennais.
Sous le Consulat, le ministre de l'intérieur, Chaptal, rappelle les Filles de la Charité pour former des élèves pour le service des hospices et les Dames de Saint-Thomas de Villeneuve, en les autorisant à reprendre le soin des malades et l'instruction des enfans (arrêtés ministériels des 1er nivôse et 13 pluviôse an IX). Cependant, les arrêtés n'ont pas pour objet, écrit-il, de rétablir des corporations et de leur rendre la gestion d'aucuns revenus.
Puis il fait rendre l'arrêté Consulaire du 27 prairial an IX, qui attribue aux Bureaux de bienfaisance la régie et l'administration des biens, non aliénés, des anciennes fondations charitables, pour assurer la conservation des Ecoles de Charité qui y ont échappé.
Plusieurs de ces écoles sont rétablies par les soins des administrateurs des Bureaux.
La loi de floréal an X laisse aux communes le choix du maître, ce qui permet le retour de membres des congrégations enseignantes, sans attendre qu'elles soient rétablies par le gouvernement, en même temps que les anciens maîtres chargés des petites écoles avant la révolution. En exemple, à Reims, le Conseil municipal a confié le service des écoles primaires de garçons aux anciens Frères des Ecoles chrétiennes, qui se sont réunis dans cette ville. En conformité avec la loi, les Frères sont autorisés à prélever, sur les quatre cinquièmes des enfants admis dans leurs écoles, une rétribution mensuelle de un franc par tête. Pour suppléer à l'insuffisance des ressources produites par la rétribution scolaire, la ville leur accorde une indemnité annuelle et leur offre la jouissance des bâtiments de l'ancien couvent des Carmes.
Portalis fait rétablir, d'abord, les principales Congrégations hospitalières et enseignantes de femmes (Filles de la Charité le 24 vendémiaire an XI, Sœurs de l'Ecole chrétienne connues sous le nom de Sœurs Vatelottes de Nancy le 28 prairial an XI, etc.). Celles-ci sont autorisées, comme par le passé, à se consacrer au service des malades dans les hospices et dans les paroisses, et à l'instruction des pauvres filles.
Le Premier Consul rétablit l'institut des Frères des Ecoles chrétiennes le 3 décembre 1803 dont le chef-lieu est fixé à Lyon (Il est transféré à Paris en 1819).
S'il accepte les congrégations hospitalières et enseignantes, l'Empereur s'oppose aux tentatives de résurrection des corporations ecclésiastiques. A ce sujet paraît le Décret impérial du 3 messidor an XII (22 juin 1804), qui ordonne la dissolution immédiate de toutes les agrégations ou associations formées sous prétexte de religion et non autorisées.
Le décret du 17 mars 1808 qui organise l'Université, reconnait formellement la congrégation des Frères des Ecoles chrétiennes.
Art. 109. – Les frères des écoles chrétiennes seront brevetés et encouragés par le Grand-Maître, qui visera leurs statuts antérieurs, les admettra au serment, leur prescrira un habit particulier, et fera surveiller leurs écoles.
Les supérieurs de ces congrégations pourront être membres de l'Université.
Cet article est applicable à toutes les Congrégations de Frères consacrés aux écoles chrétiennes.
Les Frères se refusent de prendre le brevet individuel avant d'exercer. Le Grand-Maître de l'Université, De Fontanes, bienveillant, ne l'exige pas, ni le serment inscrits dans le décret.
Aucune Congrégations enseignantes de femme ne sont rattachées à l'Université, elles sont placées sous le Protectorat de Madame-Mère (décret du 23 mars 1805).
Bureau de bienfaisance
Les bureaux de bienfaisance, créés par la loi du 7 frimaire an V (27 novembre 1796), sont les héritiers des bureaux de charité, souvent appelés « bureaux des pauvres », attestés dans le royaume de France dès le XVIe siècle. Financés par une contribution des habitants, ils servent des prestations en nature aux nécessiteux dans un cadre paroissial. Comme l’Hôpital, le bureau de bienfaisance est organisé sur une base communale, chaque municipalité devant théoriquement avoir son bureau. Dans la pratique, un grand nombre de communes n’en dispose pas.
Les bureaux de bienfaisance sont destinés à secourir à domicile et en nature les personnes que les circonstances auraient placées dans un état de pauvreté, d'infirmité ou d'abandon et qui en feraient la demande. L’aide réside essentiellement dans des secours en nature ; il peut s’agir de nourriture, de vêtements, de matière première nécessaire au chauffage (charbon), de lait pour les enfants.
Les bureaux s'installent la plupart du temps dans les locaux des congrégations, comme à Rennes ; le centre communal d'action sociale se situe toujours dans les locaux des Filles de la charité. À Magny en Vexin, la mairie et le bureau de bienfaisance sont situés dans l'infirmerie des Ursulines, devenu après la construction d'une nouvelle mairie un des services de l'hôpital de Magny.
Après la seconde guerre mondiale, les bureaux de bienfaisance deviennent des Centres Communaux d'Action Sociale (CCAS).
Frères de Saint-Antoine (société des)
Cette société est fondée, au commencement du dix-huitième siècle, pour l'instruction gratuite des enfants pauvres de la ville de Paris, et particulièrement du faubourg Saint-Antoine, d'où elle tire son nom. En 1709, l'abbé Tabourin, curé de Sainte-Marguerite, voulant mettre en pratique les idées pédagogiques de Port-Royal et conserver les croyances religieuses spéciales de cette maison, ouvre une école gratuite sur la paroisse de Saint-Etienne-du-Mont à Paris ; puis en 1711 une autre sur la paroisse Sainte-Marguerite (faubourg Saint-Antoine) ; et, en 1713, deux nouvelles écoles sur la même paroisse. Il réunit ses aides en communauté, et les écoles des Frères de Saint-Antoine se propagent assez rapidement ; en 1769, on en compte treize dans le faubourg Saint-Antoine ; il y en a trente-deux en 1787, tant à Paris qu'à Auxerre.
Les établissements des Frères de Saint-Antoine sont supprimés en germinal an II.
Sous le Consulat, la société, reconstituée par son supérieur général, le frère Hureau, rouvre ses écoles ; la maison mère est rue Saint-Jacques ; les ressources de la communauté consistent en une part des revenus d'un fonds constitué au dix-septième siècle par le janséniste Nicole, et, connu sous la dénomination singulière de boîte à Perrette, du nom de la vieille servante qui avait, à l'origine, administré ce dépôt. La société jouit des faveurs du gouvernement impérial.
Les statuts de la société sont présentés à approbation du Grand-maître par le Supérieur général, le frère Leboucher, en 1812 ; l'article 1er dit: « La société des Frères des Ecoles chrétiennes, connus avant la Révolution sous le nom de Frères des Ecoles chrétiennes du faubourg Saint-Antoine, se compose de sujets qui se consacrent librement et sans vœux, sous la direction d'un Supérieur général, à l'éducation gratuite des enfants des pauvres ». Sous la Restauration, la société prend de nouveaux développements, et, grâce à l'appui d'Ambroise Rendu et de Guéneau de Mussy, elle est — en plus de l'autorisation déjà contenue dans le décret de 1808 — légalement reconnue par ordonnance royale du 23 juin 1823, et devient une des trois associations enseignantes qui, jusqu'au second Empire, peuvent seules exercer dans toute la France. La société des Frères de Saint-Antoine ouvre alors des écoles gratuites à Paris, à Auxerre, à Troyes, etc. En 1829, aidée des libéralités d'un ancien magistrat, M. Silvy, elle fonde une école gratuite et un pensionnat avec bourses à Saint-Lambert, petit village situé près de Port-Royal-des-Champs. Plus tard, des internats avec de nombreuses bourses, à l'usage des enfants de familles peu favorisées de la fortune, sont également créés à Saint-Mandé, à Magny-les-Hameaux, à Port-Royal même, etc. A partir de 1843, la Société décline ; elle abandonne les écoles communales qu'elle dirige à Paris et se consacre surtout à former des instituteurs. Elle cesse d'exister avant 1901.
Le costume des maîtres est habit, veste et culotte noirs, faits en drap commun et de la même matière ; bas en laine noire et souliers à cordons.
- L'Ecole chrétienne, de Charlet, litho de Villain, 1825.
Dessins de Charlet, litho de Villain , chez Gihaut frères éditeurs :
- La révolution fera le tour du monde.
- Frères, faites donc finir l'Ecole mutuelle, y nous fichent des grands dissimes Coups de pieds et nous appellent Cornichons !!,
- Les règles de la bienséance et de la civilité chrétienne, divisées en deux parties, par M. J.-B De La Salle, Prêtre, Docteur en théologie, et instituteur des Frères des Ecoles chrétiennes. A l'usage des écoles chrétienne. A Tours, chez Mame, Imprimeur-Libraire, 1827.
- Méthode dédiée aux Soeurs de la Doctrine chrétienne, divisée en trois parties, à Nancy, chez Haener, imprimeur de l'Evêché, 1828.
L'Institut des Frères des Ecoles chrétiennes de Lyon.
Leçon de lecture au couvent, peinture de Francois-Marius Granet (1775-1849), 1810.
- CPA, Ploermel, expulsion des Frères, Surty se rendant à l'établissement.
CHRONOLOGIE DES RETOURS
Congrégations masculines
1920 Frères de l'Instruction Chrétienne de Ploërmel
1921 Dominicains du Tiers Ordre Enseignant (à Sorèze)
Lazaristes de Figueras
1940 Frères des écoles chrétiennes
Marianistes
Petits frères de Marie
Eudistes
Prêtres de l'oratoire de Jésus et de Marie
Congrégations féminines
1915' Religieuses du Sacré-Cœur
1918 Sœurs de la Doctrine Chrétienne de Bordeaux
1920 Bénédictines de Port-Bou (au Mas-Grenier)
Carmélites de la Junquera
Ursulines de Fontarrabie (à Pau) et de Zarauz (à St Sever)
Dominicaines d'Aja Visitandines d'Elorrio
1921 Bénédictines d'Arachavaleta (à St Sernin s/Rance)
Carmélites de Villafranca (à Bagnères-de-Bigorre)
Dames de l'Assomption
Congrégation de Notre-Dame
Sœurs de la providence
Filles de la Sagesse
Sœurs de Saint-Joseph de Cluny
Dames de Saint-Maur ou de l'instruction charitable de l'Enfant-Jésus
Sœurs de Saint-Vincent-de-Paul ou Filles de la Charité
Dames de la Visitation
1923 Trappistines d'Herrera (à Echourgnac)
Soeurs de Marie-Thérèse de Lyon (début en 1919)
1926 Ursulines de Guetaria (à Tartas)
1928 Carmélites de Baranain (à Condom)
Sœurs de l'Immaculée-Conception de Castres, de la Junquera
1929 Dominicaines de Sèvres, de Saint-Sébastien
1931 Ursulines de Jésus, de Gandia
1932 Filles de Jésus
1933 Sœurs de St Thomas de Villeneuve
Sœurs de St Joseph de Tarbes
Dominicaines de la Présentation, de Vilaseca
Ursulines de Jésus, de Gijôn
Sœurs de la Charité de Nevers, de Mieres
1936 Ursulines de Jésus, d'Oviedo
Sœurs de l'Immaculée-Conception de Castres (autres groupes)
Sœurs de la Présentation de Marie Dominicaines de la Présentation(autres)
Sœurs de St Joseph de Cluny
Un exemple de transformation : Bellefonds à Rouen
En 1862, les Frères des Ecoles chrétiennes de Rouen s'installent dans l'ancien monastère de Bellefonds, rue Beauvoisine.
Suite à la loi de 1904, la congrégation reçoit l'ordre de fermeture le 17 février 1905.
La volonté de continuer l'activité des frères à Bellefonds s'impose à eux. Un appel adressé aux pères de famille, à tous les amis de l'enseignement libre est entendu, et, la création de l'Association Familiale du Groupe Scolaire de Bellefonds est décidée.
Elle est constituée le 21 juillet et ses statuts sont adoptés à l'unanimité. L'association prend à bail les locaux de Bellefonds, pour en faire son siège, et avec un personnel laïc continuer l'enseignement.
Au mois d'octobre, Bellefonds ouvre ses portes à la gente écolière. La rentrée se fait normalement avec un personnel laïc sous la direction de M. Roux (frère Héraclée-Isidore) qui a consenti à se séculariser.