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 Directoire 1795-1799

Le gouvernement héritant de la nouvelle loi scolaire invite les administrations de département à s’occuper activement de l’organisation des écoles. Ces administrations pressent les municipalités de canton de s’intéresser à l’instruction primaire, de présenter le nombre des écoles à établir dans leur canton. Quand les administrations de département reçoivent réponses, elles arrêtent les arrondissements scolaires. Les candidats sont sollicités de se faire inscrire pour l’examen. Les instituteurs jugés aptes sont présentés pour la direction des écoles publiques par l’administration municipale, et nommés par l’administration départementale.


Dans les deux premières années du Directoire, on assiste à l'effondrement des écoles primaires publiques. Les municipalités de canton, aux prises avec des difficultés de tous ordres, accablées de tâches multiples, mettent du temps à fixer le choix et le nombre des écoles publiques. De plus, devant les difficultés financières, le Directoire décide de mettre en vente les presbytères, biens nationaux, ce qui provoque un conflit avec les autorités municipales qui veulent les garder pour installer soit des services municipaux, soit pour les réserver au retour futur des prêtres.

Mais le problème essentiel reste le recrutement du personnel. Les jurys déplorent l’insuffisance de la plupart des candidats qui savent mal lire, plus mal encore écrire et compter. On les admet néanmoins, faute de concurrents plus qualifiés.

Désormais, les instituteurs doivent vivre de la rétribution scolaire qui suit les vicissitudes de la monnaie et qui est fonction des effectifs de l’école qui ne cessent de diminuer.

Les écoles qui existent sont en butte à l'hostilité de leur village. Les prêtres réfractaires, les congréganistes luttent ouvertement contre les écoles nationales. Ils prennent pour cible principale les livres élémentaires distribués par l'Etat suite au concourt ouvert sous la Convention montagnarde.

- Jugement du Jury des Livres élémentaires présentés au concours par la loi du 9 pluviôse an II

Le 28 pluviôse an IV (17 février 1796), sur la proposition de Lakanal, le Conseil des Cinq-Cents décide l'impression, aux frais de la République, des livres élémentaires.

Affiche :

Arrêté du Directoire exécutif, concernant la surveillance des écoles particulières, maisons d'éducation et pensionnats, du 17 pluviôse an VI de la république française, une et indivisible.

- Almanach du laboureur, se vend à Rennes, chez Chausseblanche, Imprimeur.

Fêtes nationales an VIII

Décret sur l'éducation de la jeunesse du Concile national des évêques, d'août 1797


Art. I er - Il y a dans chaque paroisse une école chrétienne, deux s'il est possible ; l'une pour les garçons, l'autre pour les filles… Ces écoles sont entretenues aux frais de la paroisse.

Art. II - Le maître et la maîtresse d'école sont nommés par les paroissiens.

Art. III - Le maître d'école sert aux cérémonies et au chant de l'église, sous l'autorité du curé.

Art. IV – Les intérêts de la patrie, autant que la gloire de la religion, l'honneur des familles, comme le bonheur des enfants, commandent aux pères et mères d'envoyer les enfants aux écoles chrétiennes, ils y sont admis dès l'âge de cinq ans.

Art. V - Le premier objet des écoles chrétiennes est d'apprendre aux enfants les éléments de la Religion et de leur expliquer les principaux points de la morale de l'Evangile ; ils apprennent les prières du matin et du soir, les commandements de Dieu et de l'église, les épîtres et les Evangiles, le catéchisme du diocèse. Les enfants y reçoivent encore les premières instructions de la lecture, de l'écriture, du calcul et de la civilité.

Art. IX – Les principaux livres élémentaires des écoles chrétiennes sont l'ancien et le nouveau testament, l'imitation de Jésus-Christ et le catéchisme du diocèse.

- Abrégé de toutes les sciences et géographie, à l'usage des enfans, nouvelle édition ornée de cartes et figures, à Paris, chez les Libraires Associés, an VII.

- Morale élémentaire à l'usage des écoles françaises, par L. C. T. Rousseau, cinquième édition, chez l'auteur, Dupuis, Johanneau, an VI.

  

Un nouveau régime est établi en 1795, le Directoire ainsi nommé parce que le pouvoir est assuré par cinq directeurs. On veut oublier la guillotine et se distraire mais la période reste instable.

La loi Daunou du 3 brumaire an IV (25 octobre 1795), organise pendant le Directoire, les écoles primaires.

Le Directoire est surtout préoccupé des embarras que lui suscitent la guerre, le déficit et les complots royalistes, pour pouvoir consacrer beaucoup d'attention aux questions d'éducation.

Le franc devient l'unité monétaire légale.


La loi confie l'organisation des écoles primaires aux communes qui doivent fournir aux instituteurs un local, tant pour leur servir de logement que pour recevoir les élèves et un jardin. Les instituteurs sont examinés par l’un des jurys d’instruction, et, sur la présentation des administrations municipales, ils sont nommés par les administrations de département. La loi assure la liberté de créer des établissements privés. L'instruction n'est plus gratuite, ni obligatoire.  Les instituteurs ne sont plus salariés de la République mais reçoivent de chacun de leurs élèves une rétribution annuelle. L’administration municipale peut exempter de cette rétribution un quart des élèves de chaque école primaire, pour cause d’indigence. Le programme d'enseignement est restreint ; on enseignera à lire, à écrire, à calculer, et les éléments de la morale républicaine.


Les grands principes, gratuité, obligation, service public national, égalité devant l'instruction, sont abandonnés et le décret du 3 brumaire an IV couronne l'évolution vers la liberté d'enseignement commencée un an auparavant. On en revient aux errements de l'ancien régime, pourtant si unanimement condamnés en 1789.

En prairial an V (mai 1797), le renouvellement d'un tiers des Conseils donne aux royalistes la majorité aux Cinq-Cents.

On s’achemine vers une réforme de la législation scolaire de la majorité.


C’est alors le coup d'Etat du 18 fructidor an V (4 septembre 1797)


Avec la victoire des Républicains, une vive campagne s'engage contre les écoles particulières et des dispositions sont prises pour fortifier l'enseignement public.

Les lois des 25 et 26 fructidor an V (11 et 12 septembre 1797) décident de surseoir à la vente comme biens nationaux des presbytères, des jardins et bâtiments y attenant et de tous les édifices servant ou ayant servi à l'enseignement. A défaut du presbytère, la loi du 15 frimaire (5 décembre 1797), prend l’indemnité de logement sur les centimes additionnels affectés aux charges locales des cantons.

Le 12 vendémiaire an VI (3 octobre 1797), Chazal devant les Cinq Cents dénonce les maisons d’éducation où l’on élève les enfants des citoyens dans la haine de la république. Le mal vient de ce qu’aucune peine n’est portée contre l’instituteur ennemi.

L’arrêté directorial du 27 brumaire an VI (17 novembre 1797) s’efforce d’augmenter la clientèle des écoles nationales : tous les citoyens sollicitant une place quelconque dépendant du gouvernement seront tenus s’ils ont des enfants en âge de fréquenter les écoles nationales de joindre également à leur pétition l’acte de naissance de ces enfants et des certificats des dites écoles.

Un arrêté du 17 pluviôse an VI (5 février 1798), prescrit une surveillance spéciale à l’égard des maisons particulières d’éducation. Cette surveillance devient plus nécessaire que jamais pour arrêter le progrès des principes funestes qu’une foule d’instituteurs privés s’efforcent d’inspirer à leurs élèves, et que le gouvernement ne doit négliger aucun des moyens qui sont en son pouvoir pour faire fleurir et prospérer l’instruction républicaine. En conséquence, les administrations municipales de canton devront visiter, au moins une fois par mois les écoles particulières afin de constater :  si les maîtres particuliers ont soin de mettre entre les mains de leurs élèves, les droits de l’homme, la constitution, et les livres élémentaires qui ont été adoptés par la Convention, si l’on observe les décadis … Elles pourront prendre les mesures qu’elles jugeront nécessaires pour arrêter ou prévenir les abus, même en ordonnant la suspension ou clôture des écoles.

La loi du 16 thermidor an VI (3 août 1898) rend obligatoire dans toutes les écoles le repos du décadi.

François de Neufchâteau, devenu ministre de l'intérieur constitue le 11 brumaire an VII (1er novembre 1798), un Conseil d'Instruction Publique formé de huit membres de l’Institut chargé d'examiner les livres élémentaires et améliorer l'éducation républicaine. Il entreprend lui-même la rédaction d’ouvrages.

Certaines administrations départementales prennent des arrêtés de leur côté, pour accentuer la législation nationale.

Développement des écoles particulières, dénuement des écoles publiques

Face aux écoles de la République, se multiplient des écoles particulières qui renouent avec le passé.

Dès le 13 décembre 1795, les évêques constitutionnels publient un "Règlement pour servir au rétablissement de la discipline de l'Église gallicane", dans lequel le dernier chapitre, traitant des écoles chrétiennes, met l'accent sur la nécessité d'organiser une école particulière dans chaque paroisse, rédige un "Règlement" en 12 articles qui fixe notamment les objets de l'enseignement… (Maurice Gontard)

Ex-régents et régentes laïques d’Ancien régime, prêtres, ex-frères, ex-religieuses, filles des tiers-ordres, ouvrent des établissements libres, n’ayant aucune formalité à accomplir, aucune sanction à redouter.

En butte à l’hostilité de son village, l’instituteur public bien souvent cède sa place, change de résidence ou même d’activité. S’il occupe le presbytère, on le menace parfois pour le libérer afin d’y installer le curé.

Peu d’écoles publiques, peu fréquentées, peu de maîtres qui sont réduits à l’état le plus déplorable, voilà qu’elle est la situation en l’an V.

Une telle situation ne peut s'éterniser. Les républicains affligés du déclin des écoles publiques, pressent le gouvernement d’intervenir contre les écoles particulières. Les royalistes ne peuvent se satisfaire des écoles où l’on ignore Dieu, où l’on enseigne les Droits de l’Homme, la morale républicaine et qui occupent les presbytères. Ils réclament tous une réforme de la législation scolaire.

Les fêtes décadaires


Avec les lois du 17 thermidor et 13 fructidor an VII, Le ministre de l’intérieur veut que des temples soient disposés pour organiser les réunions décadaires ; que la jeunesse s’y réunisse sous les yeux des Magistrats pour y entendre lecture des lois, des actes de l’autorité, du bulletin des affaires publiques, et pour y assister à la célébration des mariages. Il veut que des jeux et des exercices gymniques soient institués dans les chefs-lieux de Canton, et aient lieu le jour des réunions décadaires…

Il convient, dit le ministre, que l’appareil des temples décadaires soit simple, mais imposant et annoncer sa destination.

Un autel de la patrie doit y être élevé.

L’enceinte doit être décorée d’emblèmes civiques.

La déclaration des droits et des devoirs du citoyen doit-être placés de manière que les habitants puissent la lire facilement.

Il y faut destiner une enceinte aux Magistrats, des places d’honneur aux vieillards et aux défenseurs de la patrie blessés dans les combats.

Il y faut faire les dispositions nécessaires pour la célébration des mariages.

Il y faut assigner une place aux instituteurs et à leurs élèves.

Il est nécessaire d’y établir une tribune pour les lectures, un orchestre pour les musiciens ou des orgues, suivant les localités.

Tous les administrés enfin doivent y trouver une place commode pour jouir du spectacle des réunions et entendre les lectures ou les discours.

  

Les résultats escomptés sont faibles et les écoles nationales continuent de végéter.

Les maîtres particuliers, plus discrets, plus prudents, respectent le repos du décadi, mais ne reçoivent pas les élèves le dimanche et jours fériés ; Ils achètent un ou deux livres républicains que l'on utilise le jour de la visite de l'administration municipale ; on fait apprendre aux enfants une ligne ou deux de la Déclaration des Droits de l'homme, qu'ils récitent dans les mêmes circonstances. Lorsque l'école a été fermée, c'est une personne de l'entourage de l'instituteur qui rouvre l'école à son nom.

Le Directoire constatant l'échec, envisage la refonte de la législation scolaire. De rapport en modification, de modification en ajournement, les Cinq Cents s'épuisent en discussions.


Le coup d'Etat de brumaire an VIII met fin à l'existence du Directoire.

L’éducation du peuple par les fêtes


Ils voulurent instruire et républicaniser au moyen des fêtes nationales !

C’est dans cet esprit que précédemment Mirabeau ou son collaborateur anonyme avait consacré tout un discours aux fêtes publiques et militaires ; Talleyrand reconnaissait aussi aux fêtes une vertu essentiellement éducative, stimulant l’enthousiasme des enfants et des hommes mûrs pour exalter chez tous l’amour de la patrie.

Condorcet considérait les fêtes nationales comme un mode d’enseignement indirect très utile pour la morale individuelle et pour rappeler aux citoyens « les époques glorieuses de la liberté. »

Mais quand les idées républicaines souffrirent davantage de l’opposition que, leur faisaient dans les campagnes les forces coalisées de la contre-révolution, plus que jamais les fêtes civiques furent en faveur près des patriotes. Le 21 décembre 1792, Rabaud-Saint-Etienne, membre de la Convention, soumettait à l’Assemblée un plan très complet de fêtes publiques. Les citoyens de tout âge se trouvaient organisés militairement par canton ; un Sénat de vieillards des deux sexes serait constitué qui aurait la surveillance de l’éducation civique et morale de toute la jeunesse. Des fêtes, dites de « l’enfance » et de « l’adolescence », auraient lieu tous les ans, à des jours fixes et chaque dimanche, dans le temple national – cet édifice devait servir aussi aux assemblées municipales, aux écoles publiques, etc… -- les citoyens se réuniraient pour la pratique de toutes les institutions publiques déterminées par la nation, en particulier pour y entendre des lectures morales faites par les officiers municipaux, « constitués officiers de morale » 

La liberté des individus était singulièrement violentée et le projet de Rabaud ne tendait rien moins qu’à soumettre l’enfance à une éducation purement spartiate…

(l’enseignement primaire à la fin de l’ancien régime et pendant la révolution, André Gallot, 1906)

- Affiche :

Arrêté du départemebnt de la Seine-Inférieure, relatif à l'usage des livres élémentaires républicains dans les écoles nationales et particulières, du 7 thermidor an VI.