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 Second Empire 1852-1870

Le jour anniversaire du coup d'Etat exécuté par lui l'année précédente, Louis Napoléon Bonaparte (1808-1873), fils de la reine Hortense , rétablit l’Empire et prend le nom de Napoléon III.

Après une période autoritaire, le régime se libéralise à partir de 1860. Napoléon III se montre plus ferme à l’égard de l’église qui ne l’appuie plus. L’enseignement d’Etat se développe.


Le ministère Fortoul


Le ministre de l’instruction publique Fortoul remplace les académies départementales par seize grandes circonscriptions académiques. Cette loi du 14 juin 1854 affaiblit l'autorité de l'Eglise sur les écoles, mais au profit de l'arbitraire d'un gouvernement despotique.

Fortoul est « un politique qui eut en vue, à travers tout, moins les intérêts de l'Eglise que la reprise par l'Etat de son action prépondérante. On accepte l'Eglise comme alliée, mais on se défend comme on peut d'être son sujet. » Victor Duruy a cité ce passage d'une lettre confidentielle de Fortoul au préfet du Jura (19 juin 1852) : « Au nom du ciel, souvenez-vous de ceci, c'est que la loi du 15 mars 1850 a été faite par les légitimistes et pour eux. Elle a donné à la France des Conseils académiques qui ne sont que des comités électoraux légitimistes. ».

La loi, fait passer aux mains des préfets les pouvoirs arbitraires qui jusqu'alors étaient confiés aux recteurs. Jules Simon apprécie en ces termes l'innovation : « La vérité est qu'en substituant les préfets aux recteurs, pour la direction des écoles, on a sacrifié l'intérêt scolaire à l'intérêt politique. Importe-t-il, oui ou non, de mettre un homme compétent à la tête de l'enseignement primaire ? Qui oserait le nier ? Le préfet est-il compétent ? Qui oserait le prétendre ? Donc on a sacrifié les écoles à la politique. »

Le ministère Duruy


Le 23 juin 1863, un remaniement ministériel fait échoir, de façon imprévue, le portefeuille de l'instruction publique aux mains d'un universitaire. Victor Duruy veut sincèrement travailler à l'instruction du peuple, à la condition qu'elle soit donnée dans un esprit impérialiste.

Pour stimuler les maîtres et les élèves des écoles élémentaires, Victor Duruy institue, d'une part, des concours cantonaux (13 août 1864) et, d'autre part, recommande aux instituteurs de faire obtenir à leurs élèves le certificat d'études primaires (10 avril 1865).

Il montre la nécessité de rendre l’enseignement primaire obligatoire et gratuite, mais il doit, pour obtenir le vote de sa loi du 10 avril 1867, sacrifier une partie de ce programme. Cependant pour les communes qui voudraient l'établir elles sont autorisées à affecter à l'entretien de leurs écoles gratuites le produit d'une imposition extraordinaire qui peut s'élever jusqu'à quatre centimes additionnels au principal des quatre contributions directes. En outre la loi impose aux communes de 500 habitants et au-dessus l'obligation d'avoir au moins une école publique de filles, et de faire le traitement d'une maîtresse de travaux à l'aiguille dans toute école mixte tenue par un instituteur. La loi consacre l'existence des cours d'adultes en garantissant une indemnité annuelle aux instituteurs et institutrices qui s'en chargent. (voir page Cours d'adultes)

Enfin, pour rendre l'école praticable aux plus pauvres, une caisse des écoles, administrée par le maire de la commune, donnerait, au besoin, les vêlements et les fournitures scolaires dont manqueraient les enfants. (voir page Caisse des écoles)

Il ajoute aux matières obligatoires les éléments de l'histoire et de la géographie de la France. Peu après, il invite les préfets à organiser l'enseignement agricole et horticole dans les écoles primaires rurales.

Autant que d'améliorer la situation matérielle des membres du personnel primaire, Duruy se montre soucieux de les honorer. Il institue la décoration universitaire, dont il voulait qu'elle leur soit un profit en même temps qu'un honneur, car une allocation annuelle de 100 francs est alors accordée aux instituteurs qui obtiennent les palmes académiques.


Octave Gréard s'insurge contre la méthode alors officielle, consistant à introduire les connaissances l'une après l'autre, la première année d'école étant exclusivement consacrée à la lecture. L'entraînement à la seule lecture l'isole des connaissances et la rend par là-même rebutante. Gréard veut adapter les méthodes de l'enseignement secondaire à l'enseignement primaire. Son projet qui date de 1868, organise l'école en trois cours, les cours élémentaire, moyen et supérieur. Chaque cours doit embrasser un cycle complet d'études, de manière à permettre aux enfants de posséder un ensemble de connaissances à la fin de leur scolarité.


Enfin le décret du 3 février 1869, applicable aux trois ordres d'enseignement, rend la gymnastique obligatoire dans les lycées, les collèges, les écoles normales et les écoles primaires annexées à celles-ci. Il invite les conseils municipaux à délibérer sur les moyens de l'introduire dans les écoles primaires, et leur assure le concours de l'Etat pour l'acquisition des appareils.

Lorsque, en 1869, sous la pression des événements, Napoléon III se résout à se séparer de ses serviteurs les plus dévoués et à former un ministère « responsable » pris dans les rangs du tiers-parti, Duruy est remplacé par Bourbeau (le 17 juillet 1869) ; suivi par Segris (2 janvier 1870), puis par Maurice Richard (14 avril 1870) et Jules Brame (du13 mai jusqu'au 4 septembre 1870).

  

- L'instruction en France en 1867 par J.Manier

O.Gréard, directeur de l'enseignement primaire de la Seine, réorganise la pédagogie.

Il établit trois cours à l'école primaire : élémentaire (6-8 ans) intermédiaire ou moyen (8-10 ans) et supérieur (10-12 ans). Les programmes sont concentriques ; les trois cours reviennent sur les mêmes programmes pour les approfondir.


"L'objet de l'enseignement primaire n'est pas d'embrasser, sur les diverses matières auxquelles il touche, tout ce qu'il est possible de savoir, mais de bien apprendre, dans chacune d'elles, ce qu'il n'est pas permis d'ignorer." Gréard

Fréquentation scolaire


Le nombre d’enfants qui restent étrangers à tout enseignement est véritablement affligeant. On devrait trouver dans les écoles un dixième de la population totale. Il y a cependant des départements où les écoliers ne forment encore que le vingtième, le trentième, ou même le quarantième de la population. Ce n’est pas tout : sur le nombre des enfants qui remplissent les listes scolaires, beaucoup désertent les classes pendant cinq ou six mois. Ces enfants, après deux ou trois ans d’une fréquentation purement nominale des classes, sont à peu près complètement dépourvus de toute éducation intellectuelle et religieuse… (Circulaire aux préfets du 30 octobre 1854, Fortoul)

Quand on voit avec quelle facilité les populations acceptent la fréquentation obligatoire et s’y habituent, on ne comprend pas que dans un pays où le pouvoir est si fort, on puisse tant la redouter. Ce ne sont certes pas les populations qui réclameraient, ce sont les hommes instruits qui, en France, empêchent le pouvoir d’étendre à tous les bienfaits de l’éducation. D’après la loi du 15 mars 1850, toute commune est tenue d’ouvrir une ou plusieurs écoles publiques et de dispenser les indigents de toute rétribution scolaire. Quelle inconséquence ! ouvrir partout des écoles publiques et ne pas contraindre les négligents d’en profiter !

 (Jules Paroz, directeur d’école normale)

Rapport de Duruy, ministre de l’instruction publique, à l’Empereur, sur l’état de l’instruction primaire en France pendant l’année 1863.


L’état de l’instruction primaire, tel qu’il résulte des faits constatés par l’enquête faite en 1864, demande des remèdes sérieux.

Les uns sont d’ordre administratif : améliorer les méthodes d’enseignement, accroître la valeur pédagogique des instituteurs, rendre à la fois plus énergique et plus continue l’influence de l’inspection, éveiller l’émulation des élèves et des maîtres, etc.

Les autres sont d’ordre financier : construire des écoles où il en manque ; améliorer les écoles anciennes pour les bâtiments, le mobilier scolaire et la bibliothèque ; car, dans l’école comme à l’usine, l’appropriation des locaux et l’excellence des instruments de travail ont une importance considérable ; continuer à accroître le bien-être des instituteurs, pour relever leur situation et leur dignité, ce qui donnerait le droit de leur demander de nouveaux efforts.

Enfin, il est un remède particulier que beaucoup de personnes réclament, que beaucoup de pays pratiquent et qu’il faut examiner : il consiste à imposer à l’enseignement primaire le caractère obligatoire, non-seulement pour l’entrée à l’école, mais pour la durée de la fréquentation.

La littérature enfantine


Les premiers livres d’enfants apparaissent avec l’édition des romans de la comtesse de Ségur ou de Jules Verne. On lance les collections « Bibliothèque bleue » ou « rose ».

Les périodiques sont illustrés et s’adaptent au public enfantin, comme le Magasin d’éducation et de récréation, créé en 1864 par Hetzel, publié par Jean Macé, P.-J. Stahl et Jules Verne avec la collaboration d’écrivain célèbres, véritable encyclopédie qui se voulait instructif et divertissant.

L’enfant n’est plus considéré comme un adulte non achevé mais devient un être particulier qu’il faut protéger du monde adulte.

La littérature pour les filles est différente de celle destinée aux garçons.

Dans le premier cas, le roman baigne dans une atmosphère religieuse. La société apparaît comme un monde très hiérarchisé où chacun doit rester à sa place. Il existe une nostalgie du monde traditionnel. On célèbre la vie simple et naturelle de la campagne ou de la petite ville de province.

Tout autre est le climat des livres destinés aux garçons. Les livres sont neutres et laïques. L’œuvre technique et scientifique de l’homme est exalté. Il n’y a aucun mépris pour le monde nouveau, en pleine évolution.

  

L’exposition universelle de 1867 à Paris.


Héritière des expositions industrielles nationales mises en place à partir du Directoire, l’Exposition universelle de 1867 constitue le quatrième exemple du genre, après les expositions de Londres de 1851 et 1862 et celle de Paris en 1855. Elle s'est tenue du 1er avril au 3 novembre 1867 sur le Champ-de-Mars. 41 pays étaient représentés.


Le ministre Duruy écrit dans l’instruction aux préfets du 10 décembre 1866 :

L'Exposition universelle, qui doit s'ouvrir à Paris le 1er avril 1867, admet d'une manière générale tout ce qui regarde l'instruction et l’éducation publiques. La Commission impériale a réservé à l'enseignement des enfants et a celui des adultes deux classes dans la répartition des objets exposés, les classes 89 et 90. Ces classes comprennent dans leur nomenclature des plans et modèles de constructions scolaires, le matériel, les méthodes et les livres, le système des récompenses et des punitions, les programmes, les lois et les règlements relatifs à l'Instruction publique, les statuts des sociétés vouées a la propagation de l'enseignement, ceux des associations de secours mutuels entre les instituteurs, le dessin d'ornement et d'imitation, le chant, la gymnastique, les bibliothèques, en un mot tout ce qui se rattache aux conditions matérielles et intellectuelles de l'instruction nationale.


Cette instruction préfigure celle du 26 octobre 1867, relative à l'organisation d'expositions départementales des travaux scolaires.

-L'Exposition Universelle de 1867 illustrée. Instruction publique en France, dessin de M. Lancelot. Portique d'entrée de l'exposition des classes 89 et 90, qui comprend quatre salles où se trouve représentée toute l'éducation populaire, depuis la salle d'asile jusqu'à l'enseignement professionnel.Les deux statuts isolées de chaque côté sont celles de Pestalozzi, et de l'abbé de La Salle.

  

Jean Macé républicain de 1848, réfugié en Alsace après le 2 décembre, du fond de son pensionnat de demoiselle de Beblenheim, fonde la Ligue de l'enseignement en 1866. Il lance un appel au pays. Il demande leur concours pécuniaire et moral à tous ceux qui, par le livre, par l'instruction, veulent répandre les idées de progrès. Il les incite à contribuer au réveil du libéralisme.

Il a compris que pour lutter, au nom de la liberté, que pour faire triompher la cause de progrès, il faut former un faisceau des sociétés et associations éparses. Elles sont sans lien, sans point de contact, Il les unit.

 Il définit la Ligue ainsi :"La ligue est une fédération de sociétés qui, par l'initiative privée, devance, prépare, amène l'action de l'Etat," déclare-t-il.

Et, de fait, la Ligue a été une initiative, une promotrice de réformes. Elle ne cesse de prendre contact avec l’opinion, avec l’âme publique, de la conseiller, de la diriger, de suivre et souvent de précéder ses mouvements. (Autour de l’Education populaire par Edouard Petit, Librairie d’Education de la jeunesse, 1898)

  

- Histoire d'une bouchée de pain.

Lettres à une petite fille sur la vie de l'homme et des animaux, par Jean Macé. Collection Hetzel, librairie J. Claye, 1862.

  

- Médaille de bronze de A. Borrel.

 "Pour la patrie. Par le livre. Par l'épée".1866-1881

Ligue française de l'enseignement. Education civique et militaire.

L’école rurale vers 1850


Au centre du bourg, où convergent toutes les routes de la localité, s’élèvent l’église et la maison commune. Celle-ci borde un côté du cimetière. Elle abrite à la fois la mairie et les écoles publiques. La salle du conseil municipal et des archives, puis les logements séparés de l’instituteur et de l’institutrice, composés chacun seulement de deux pièces, occupent la partie haute du bâtiment. Les salles de classe sont au rez-de-chaussée, en contre-bas du cimetière. Triste condition hygiénique ! Ajoutons que les salles sont peu spacieuses, et que, de la Toussaint à Pâques, chacune d’elles sera fréquentée par plus de cent élèves… Il est vrai que, pendant l’été, les classes seront à peu près désertes.

Cinq ou six robustes tables en chêne occupent la salle des garçons dans toute sa longueur. Là sont entassés les grands, ceux qui écrivent. Les autres, presque aussi nombreux, sont assis sur des bancs le long des murs. Au plus bel endroit se carre une estrade à double rampe, solennelle comme la tribune de la Chambre des députés ; un peu au dessus, le seul tableau noir de la salle ; et, placardés contre les murs, un tableau du système métrique, puis trois immenses cartes : la France, l’Europe et la Mappemonde. Ces cartes sont plates et vides ; cependant on voit par endroits, comme des chenilles processionnaires : ce sont les montagnes. Dans un angle, se dressent menaçantes de longues gaules, et des verges plus courtes, mais non plus rassurantes. Officiellement, ces baguettes servent pour les leçons de lecture au tableau, et pour les exercices à la carte. Dans la pratique, elles ont un emploi, qu’on devinera aisément.

La cloche de l’église a donné le signal de l’entrée en classe. Pénétrons-y avec les élèves. Ils se précipitent bruyamment à leur place, puis ils apprennent leurs leçons à haute voix. Comme chaque écolier est gêné par ses voisins, il se bouche les oreilles avec les deux mains, et n’en crie que plus fort. Ce vacarme n’incommode nullement l’instituteur. Pendant ce temps, il taille une quantité prodigieuse de plumes d’oie, rude besogne, qui embarrasserait fort nos maîtres actuels ! Les plus jeunes élèves ont un Syllabaire de Peigné, qui reproduit les tableaux accrochés autour de la salle ;les plus avancés lisent dans l’Histoire abrégée de la religion, par Lhomond, dans le Psautier, puis dans le Choix gradué de cinquante sortes d’écritures.Ils étudient l’Histoire sainte d’Ansart, la Grammaire de Nöel et Chapsal, ou la Grammaire selon l’Académie, par Bonneau et Lucan. Les plus forts de la classe ont, en outre, une Arithmétique de Saigey, l’Histoire de France de Mme de Saint-Ouen, enfin la Géographie de Meissas et Michelot. Au bout d’une demi-heure, les nombreux élèves qui ne savent pas encore lire vont se grouper autour des tableaux Peigné. Là des moniteurs les feront lire, compter, puis réciter des prières, du catéchisme, des fables, et cela sans répit pendant toute la séance. Les autres élèves forment un grand cercle autour de l’estrade. Alors la récitation commence et dure au minimum une heure et demie. Chaque élève récite successivement par cœur cinq ou six leçons : français, histoire, géographie, arithmétique, etc., et cet exercice monotone n’est accompagné d’aucune explication. De plus quoique les élèves soient divisés en sections, chacun d’eux a sa leçon particulière. Ceux qui ont meilleure mémoire, ou qui sont plus studieux, savent leurs livres en entier, tandis que les autres s’éternisent sur les premières pages. Enfin la récitation est finie et les élèves retournent à leurs tables pour y faire des dictées, des analyses, des conjugaisons et des problèmes. La classe se termine par des chants, le plus souvent liturgiques et en latin. Les élèvent chantent aussi en chœur et en se balançant, la table de multiplication, les nomenclatures de la géographie et du système métrique.

Les mémoires d’un instituteur français par Noël Cauclin, chez Alcide Picard et Kaan, éditeurs, 1896.

  

- Choix gradué de 50 sortes d'Ecritures pour exercer à la lecture des manuscrits. Librairie de L. Hachette et Cie

- Histoire de France

par Mme L. De Saint-Ouën, chez L. Hachette, 1842

- Psautier de David, à l'usage des écoles chrétiennes.

Fleury libraire à Rouen.

- Histoire ancienne élémentaire

par Mme L. de Saint-Ouen.

Ouvrage adopté par la Société pour l'instruction élémentaire.

Hachette, libraire, 1835.

- Nouvelle géographie méthodique

par MM Achille Meissas et Aug. Michelot suibie d'un petit traité sur la construction des cartes par M. Charles.

chez L. Hachette et Cie, 1848.

- Nouveau syllabaire par M.A. Peigné, et mis en rapport avec les tableaux de lecture du même auteur.

Librairie classique d'Eugène Belin, 1853.

Le ministère Rouland


Lorsque Fortoul décède subitement, son portefeuille, après un court intérim fait par le maréchal Vaillant, est confié le 13 août 1856 à un avocat normand qui, depuis 1853, est procureur général à Paris, Gustave Rouland. Le ministère Rouland marque une période de libéralisme relatif : le nouveau ministre s'applique à réparer en partie le mal qu'avait fait à l'enseignement l'administration de son prédécesseur. Néanmoins, l'Eglise reste toute-puissante : « Les cardinaux et les évêques, font et défont les préfets ; quant aux instituteurs laïques, contraints de servir plusieurs maîtres à la fois, ils ne pèsent rien ».

Rouland, toutefois, montre aux pauvres maîtres d'école quelques sollicitudes ; il fait augmenter un peu leurs traitements. Des allocations n'étaient accordées, aux termes du décret du 31 décembre 1853, qu'au dixième des instituteurs de chaque département ; c'était donc une récompense éventuelle et, qui plus est, révocable. Le décret du 19 avril 1862 rend obligatoire un minimum de 700fr. après cinq ans de service et porte à 800fr. au bout de dix ans, et à 900fr. au bout de quinze ans pour le vingtième des instituteurs à titre de faveur et de récompense.


La circulaire du 20 août 1857 relative à la direction pédagogique des écoles primaires, redéfinit la nature de l’enseignement. Le ministre demande de libérer l’école primaire d’un contenu abstrait, théorique et vague, pour laisser la place à des savoirs essentiellement utiles et pratiques. L’instruction morale et religieuse doit s’émanciper du par cœur. La lecture exige la compréhension des mots et des pensées, tandis que l’écriture courante et lisible doit abandonner les ambitions de la calligraphie. Les dictées graduées doivent s’affranchir des analyses logiques, qui dégoûtent les enfants et prendre pour thèmes un fait historique, une invention utile, une lettre de famille etc. De même, les énoncés de problèmes doivent, autant que possible, concerner les circonstances de la vie, en particulier des faits d’économie domestique.

En juin 1858, on encourage à la généralisation, dans tous les départements, du congé pour la journée du jeudi.

  

Le but de l'instruction primaire est de mettre tous les enfants en possession des premiers instruments indispensables au développement de leur intelligence. Il faut en exclure le luxe et y chercher l'utilité pratique. On se méprendrait complètement si l'on s'efforçait d'introduire dans les petites écoles quelques-unes des matières qui appartiennent aux écoles secondaires. La loi du 15 mars 1850 a sagement circonscrit cet enseignement : elle a voulu qu'il gagnât en solidité ce qu'en apparence il perdait en étendue… Faites, Monsieur le Recteur, que tout enfant, animé d'ailleurs de ces convictions chrétiennes qui doivent être la règle de la vie, sorte de l'école primaire sachant lire, écrire et compter, et vous aurez bien mérité du pays. (H. Fortoul, instruction aux recteurs du 31 octobre 1854)

  

Afin de mieux les connaître, il ouvre un concours en 1861, avec des prix et des mentions honorables. La question posée est celle-ci : Quels sont les besoins de l'instruction primaire dans une commune rurale au triple point de vue de l'école, des élèves et du maître ? Le résultat obtenu dépasse toute attente ; plus de six mille concurrents se présentent.

Rouland fait ouvrir des bibliothèques scolaires ; arrêté du 1er juin 1862, circulaires du 24 (voir page Bibliothèque scolaire). En 1860, on s'en était tenu à l'acquisition d'un corps de bibliothèque-armoire, sans plus ; cette fois on fonde les bibliothèques et on les organise en faisant appel au concours de tous. « Ces collections devront contenir d'abord des livres de classe, mais aussi des livres de lecture qui pourront être prêtés aux familles, et ils devront être choisis de telle sorte qu'ils affermissent le sentiment national et les leçons de morale et d'histoire reçues à l'école. » (Circulaires des 25 juillet et 24 octobre 1862, 28 février 1863, cette dernière circulaire relative à la Bibliothèque des campagnes).

La caisse de prévoyance est remplacée par une pension de retraite, calculée sur les mêmes bases que la retraite de tous les autres fonctionnaires publics.

Depuis la loi de 1833, qui fait une obligation aux communes de construire une maison d’école, une grande quantité de communes en sont toujours dépourvues ; pour 37 500 communes en 1861, 10 744 ne sont pas propriétaires de leur maison d’école ; 1880 communes envoient leurs enfants à l’école dans la commune voisine ; 146 communes pourvoient, dans une école libre, à l’éducation des enfants indigents ; 818 communes n’ont ni écoles, ni instituteurs.