Enseignements
Français
5. Grammaire française
La grammaire de Lhomond
L’idée d’inculquer à tous les Français la maitrise d’une langue nationale date de l’un des idéaux de la Révolution.
Lors du concours proposé par la Convention aux besoins de l'enseignement élémentaire , le manuel Éléments de la grammaire française par l’abbé Lhomond, est jugé le meilleur et digne de l'impression aux frais de l'Etat.
Les Eléments de grammaire française de Lhomond avaient paru pour la première fois en 1780, et étaient devenus promptement classiques. En leur accordant son suffrage, le jury n'avait fait que confirmer le jugement favorable de l'opinion publique. Lakanal avait dit : « A la tête de tous les ouvrages de cette classe envoyés au concours, le jury a mis les Eléments de grammaire de Lhomond, ouvrage qu'il a jugé singulièrement propre aux écoles primaires ». Barbé-Marbois de son côté disait : « Ce petit ouvrage se recommande assez par lui-même aux yeux des gens qui ont réfléchi sur l'enseignement pratique. Simple dans sa marche et dans son style, l'auteur ne dit que ce qu'il faut pour les enfants, et il le dit ainsi qu'il faut le dire pour leur âge. Ses Eléments ont le cachet précieux d'une longue expérience. Les éditions successives dont ils ont obtenu les honneurs annoncent qu'ils n'ont pas été composés pour le concours, comme le petit nombre de bons ouvrages qu'on y a présentés. Il est difficile en effet, dans un cercle de jours et de mois déterminé, de tracer un bon traité élémentaire, qui doit être le résultat d'une infinité de combinaisons et d'essais sur l'intelligence variée et progressive des différents âges ; il faut avoir le temps d'être court, d'être clair, de s'appuyer sur des faits.»
Lhomond avait cédé à l'éditeur Colas, par un traité en date du 2 janvier 1793, 1a propriété de sa Grammaire latine, de sa Grammaire française, du De Viris et de l'Epitome ; le libraire ne jugea pas à propos d'user de la faculté qui lui était accordée de faire réimprimer les Eléments de grammaire française aux frais de l'Etat ; il continua de les publier pour son compte propre. La première édition que nous ayons rencontrée de cet ouvrage après le vote de la loi du 11 germinal an IV est celle qui porte la date de l'an V. (dictionnaire Buisson)
La Grammaire de Panckoucke, couronnée concurremment avec celle de Lhomond, est imprimée en l'an IV. Le titre de la première édition porte : Grammaire élémentaire et mécanique, à l'usage des enfants de 10 à 14 ans, et des écoles primaires, par le citoyen Charles Panckoucke, éditeur de l'Encyclopédie méthodique.
L'originalité du livre de Panckoucke, c'est de faire débuter l'élève par la conjugaison des verbes. J'ai rédigé cette grammaire, dit l'auteur, sur un plan entièrement neuf. Je la commence par les verbes, parce que je me suis assuré, par l'expérience, qu'il est infiniment plus facile de donner à un enfant des idées vraies et justes du verbe, que des noms substantifs par lesquels on commence ordinairement toutes les grammaires. (dictionnaire Buisson)
La démarche de Lhomond est plutôt innovante car il adresse sa grammaire non plus à des lettrés, comme celle de Port-Royal ou les grandes grammaires du XVIIIe siècle mais aux écoles primaires. Ensuite parce qu’il ne compare plus, au sein de son ouvrage, français et latin, même s’il juge l’étude du premier comme un préliminaire au second.
Dans la préface de son Elémens de la grammaire françoise (Chez Colas, Libraire, place de la Sorbonne, 1780), il écrit : C'est par la langue maternelle que doivent commencer les études, dit M. Rollin. Les enfants comprennent plus aisément les principes de la grammaire, quand ils les voient appliqués à une langue qu’ils entendent déjà, et cette connaissance leur sert comme d’introduction aux langues anciennes qu’on veut leur enseigner. Nous avons de bonnes grammaires françoises mais je doute que l'on puisse porter un jugement aussi favorable des abrégés qui ont été faits pour les commençants.
Le grand succès est dû à la simplicité et à la clarté de cet ouvrage, qui a paru dans un temps où la grammaire de Restaut, alors généralement adoptée, commençait à tomber en discrédit, explique l'instituteur Boniface dans une édition de 1824 (chez F. Guitel, libraire, rue J.J. Rouseau n°5 et Maire-Nyon, quai de Conti n°13). Lhomond a rendu, par la publication de ses ouvrages élémentaires, plus de services à l'enseignement que n'en rendront jamais ses critiques par tous leurs savants traités de grammaire, d'idéologie, etc.
Elle est adoptée partout ; plus de cent mille exemplaires en sont imprimés chaque année ; c'est le manuel grammatical de presque tous les instituteurs de la France ; et il est aussi impossible d'en abolir l'usage dans les écoles, que d'y introduire un système de grammaire tout-à-fait nouveau.
Dans la préface d'une édition de 1836, M.-A. Peigné indique qu'il s'attache au nom de Lhomond, de cet estimable auteur qui aimait tant l'enfance et qui a tant fait pour elle, une sorte de prestige à la puissance duquel nous restons volontairement soumis.
Le Lhomond est constamment remanié et revu pendant tout le XIXe siècle, afin de l'adapter aux changements que les grammairiens admettent et que l'Académie fixe définitivement dans son dictionnaire.
Dans ces nouvelles éditions on a remplacé O par A dans les imparfaits et dans les conditionnels ; dans français, anglais, faible, paraître, etc. On a adopté les expressions passé, futur antérieur, pour prétérit, futur passé. On a décidé que les mots en ant et en ent tels que puissant, élément, gardent le t au pluriel, les adjectifs possessifs, les adjectifs démonstratifs ne sont plus classés parmi les pronoms, etc.
- Eléments de la grammaire française par Lhomond, revus et corrigés avec le plus grand soin par S. Lenoël, treizième édition, Amiens chez Lenoel-Hérouart, imprimeur-Libraire de Monseigneur l'Evêque, rue des Rabuissons.
Arrêté du 8 février 1817, portant désignation des livres pouvant être mis utilement entre les mains des enfants et des maîtres, dans les écoles primaires :
Chapitre VI – Grammaire
- Grammaire de Lhomond
- Grammaire de Guéroult
- Grammaire abrégée de Wailly
- Rudiment des petites écoles, par M.F. Mazure, recteur de l'académie d'Angers
- La grammaire des grammaires, par M. Girault
- Principes de grammaire générale, mis à la portée des enfants, par M. Silvestre de Sacy.
- Abrégé des principes de la grammaire françoise, dédié aux enfants de France, par Restaut, A Rouen, chez Veuve Behourt, Imprimeur-Libraire, rue du Petits-Puits, 1811.
La grammaire de Noël et Chapsal
La célèbre Nouvelle grammaire de Noël et Chapsal, conçue sous la Restauration (1823) n’a cependant rien de bien nouveau. De nombreuses éditions, tirées à un nombre très considérable, sont publiées dans l'espace de quelques années.
L'ouvrages obtient un beau succès, cependant les auteurs soulignent que les enseignants se servent plutôt pour la première année de grammaire, les Eléments de la grammaire française de Lhomond.
Il y a sans doute dans ce changement de méthode plusieurs inconvénients dont la plus grave est, sans contredit, de faire apprendre de nouveau aux jeunes élèves, et sous une autre forme, ce qu'ils ont déjà étudié ; de faire naître l'incertitude dans leur esprit par la diversité des préceptes, et de leur inspirer souvent le dégoût de l'étude (Avertissement de l'Abrégé de la grammaire française).
Pour obvier à cet inconvénient, les auteurs composent un Abrégé de la grammaire française (chez Maire-Nyon, Sucr d'Aumont, Vve Nyon Je, Libraire, Quai Conti, n°3 ; Roret, Libraire, rue Hautefeuille, au coin de celle du Battoir, 1827).
On peut le considérer comme la science grammaticale réduite à sa plus simple expression, ou comme une sorte de Lhomond dont les principes, entièrement en harmonie avec ceux de la Nouvelle Grammaire française de MM. Noël et Chapsal, permettant de passer des premiers éléments à des préceptes d'un ordre plus élevé, sans que le passage en soit nullement sensible.
Nombreux sont les manuels de grammaire qui font allusion au Lhomond.
Grâce à Chapsal, la grammaire générale, déjà sur son déclin au début du XIXe siècle, va survivre jusqu’au début du XXe. Mais par sa faute, cette même grammaire générale se fige, en 1823, en un dogme inaltérable et termine sa carrière sous la forme d’un enseignement scolastique rabâché comme un catéchisme par des générations de potaches. (A. Chervel)
La grammaire de Larive & Fleury
« Aussi, Messieurs, ce que nous vous demandons à tous, c'est de nous faire des hommes avant de nous faire des grammairiens ! ... Oui, vous avez compris qu'il faut réduire dans les programmes la part des matières qui y tiennent une part excessive ; vous avez compris qu'aux anciens procédés, qui consument tant de temps en vain, à la vieille méthode grammaticale, à la dictée - à l'abus de la dictée - il faut substituer un enseignement plus libre, plus vivant et plus substantiel. (Jules Ferry, discours au Congrès pédagogique, 2 avril 1880)
L'arrêté du 27 juillet 1882 fixe les nouveaux objectifs de l'enseignement primaire et renouvelle l'enseignement du français dont le but est de supprimer les idiomes et patois afin de garantir l'unité du pays.
La maîtrise de la langue écrite devient un objectif de l'école primaire.
La grammaire de Noël et Chapsal est contestée par de nouveaux venus comme Pierre Larousse ou Larive et Fleury, qui sont à l'origine d'une doctrine moins abstraite et plus assimilable par la grande majorité des élèves (André Chervel).
L’Année préparatoire de grammaire par demandes et par réponses de MM. Larive & Fleury (tirés à douze millions d’exemplaires et réédités au moins jusqu’en 1951), emprunte la forme linguistique du catéchisme depuis le concile de Trente.
Ainsi, dans les écoles de la IIIe République, bien des manuels de grammaire utilisent encore durablement la forme du catéchisme inversé pour exposer leurs leçons. Cet emprunt à la didactique catéchistique permet aux petits Français, alors encore majoritairement catéchisés, de retrouver une forme discursive induisant pour eux le respect dû à une entité supérieure.
(Chronique « Histoire de l’enseignement » Le manuel de langue française au XIXe siècle par Daniel Janichon)
Simplification de la syntaxe française
Le 13 janvier 1900 une commission est chargée de préparer la simplification de la syntaxe française enseignée dans les écoles primaires et secondaires. C'est le travail de cette commission qui amène l'arrêté du 31 juillet 1900 puis celui du 26 février 1901.
La commission n'avait pas qualité pour légiférer en matière de langage ; elle s'est abstenue d'édicter aucune règle nouvelle ; elle ne prétend obliger personne à se conformer à ses propositions ni même à prendre connaissance, excepté cependant les maîtres chargés d'enseigner la grammaire ; elle a jugé qu'elle ne devait rien autoriser qui pût porter atteinte à la bonne tradition de la langue.
La commission se contente d'indiquer jusqu'où peut et doit aller dans les examens la tolérance en matière de syntaxe française. Elle croit qu'on arrivera ainsi, sans nuire à notre langue nationale à débarrasser l'enseignement d'une foule de subtilités qui le compliquent sans aucun profit.
Elle propose donc d'émettre l'avis que, dans tous les examens qui comportent une épreuve d'orthographe directe ou indirecte, les simplifications dont la liste est donnée seront tolérées et qu'on n'aura pas le droit de compter de fautes aux candidats qui useront de la liberté ainsi accordée.
Le ministre Georges Leygues exige qu'elles soient connues et appliquées par les élèves des classes primaires, par les candidats à tous les examens.
Nomenclature grammaticale
ARRÊTÉ du 25 juillet 1910, .relatif à la nouvelle nomenclature grammaticale.
Le Ministre de l'Instruction publique et des Beaux-Arts,
Vu l'avis du Conseil supérieur de l'Instruction publique,
Arrête :
Article premier. — Dans les examens et concours relevant du .Ministère de l'Instruction publique et correspondant à l'enseignement primaire jusqu'au brevet supérieur inclusivement, à l'enseignement secondaire des garçons et des jeunes filles jusqu'au baccalauréat ou au diplôme de fin d'études inclusivement, la nomenclature grammaticale dont la connaissance est exigible ne pourra dépasser les indications contenues dans le tableau ci-joint.
Art. 2. — Le présent arrêté sera applicable dès les examens et concours de l'année 1911.
Gaston DOUMERGUE
- Nouveau manuel grammatical des écoles primaires, par Ch. Martin, septième édition, Imprimerie et librairie classiques de Jules Delalain et Cie, Rue des Mathurins St-Jacques, n°5, 1839.
- Nouveau cours de grammaire française, CM, par A. Brachet et J. Dussouchet, onzième édition refondue conformément à la circulaire ministérielle du 26 février 1901 sur la simplification de la syntaxe, Librairie Hachette et Cie, 79, Boulevard Saint-Germain, Paris, 1901
Nouvelle nomenclature grammaticale
La terminologie grammaticale est touffue, confuse, hétéroclite ; elle est embarrassée d'une foule de termes peu précis, inutiles ou parasites, dissimulant parfois sous une apparente synonymie des conceptions absolument différentes. C'est là un des écueils, et non des moindres, de notre enseignement grammatical, tout le monde en convient. Aussi n'est-il pas étonnant qu'à la suite d'une série de conférences organisées au Musée pédagogique, en 1906, sur l'enseignement de la grammaire, la plus urgente réforme, sur laquelle tout le monde se trouva d'accord, ait paru être celle de la nomenclature grammaticale. (Dictionnaire Buisson)
Une commission, composée de grammairiens et de professeurs appartenant aux trois ordres d'enseignement, est nommée avec mission de rechercher quelles simplifications pourraient être apportées à la terminologie. Leurs conclusions est portées devant le Conseil supérieur de l'instruction publique pour avis.
Le ministre fixe la nouvelle nomenclature dans l'enseignement public le 25 juillet 1910.
Il y a lieu de diminuer les exigences grammaticales ; d'adopter une nomenclature plus simple ; de substituer franchement la grammaire d'observation à la grammaire de règles, de définitions et de déductions ; de rompre avec cette idée fausse que la grammaire est toujours conforme à la logique ; enfin, remplacer maint arrangement artificiel par un ordre mieux en rapport avec la réalité des faits. (Gaston Doumergue)
Ce qui importe avant tout, c'est que tous les enfants de nos écoles, de nos collèges et de nos lycées, apprennent à désigner une même chose par un même nom.
La méthode
En ce qui concerne la méthode à employer, il semble bien que l'on ait encore, dans l'ensemble, quelques progrès à réaliser. Pendant longtemps et même à l'époque actuelle, la méthode dogmatique a été en honneur. On apprenait la grammaire comme un catéchisme ; la mémoire jouait le principal rôle, et la réflexion trouvait peu à s'exercer. On faisait apprendre par cœur la règle, appuyée d'un exemple, et on la faisait appliquer sur des phrases détachées, tantôt extraites des bons écrivains, tantôt banales à l'excès. Les tentatives faites à diverses reprises pour réagir contre ces habitudes n'ont pas toujours eu le succès qu'elles méritaient, soit à cause de l'incohérence du vocabulaire grammatical, soit à cause de la difficulté ou de l'impossibilité d'expliquer logiquement certains faits de langage qu'on ne peut que constater. Nous devons cependant nous féliciter, au point de vue pédagogique, de voir, de nos jours, la méthode dogmatique céder peu à peu la place à la méthode expérimentale, qui dégage les faits grammaticaux de l'étude de textes empruntés à nos bons écrivains et convenablement choisis en vue de la leçon. « Cette méthode, dit M. l'inspecteur général Félix Hémon, part d'exemples, d'où les règles se dégagent d'elles-mêmes ; elle appelle l'attention des élèves sur plusieurs phrases où les mêmes faits de langage se reproduisent sous des formes différentes, et les achemine à trouver d'eux-mêmes la conclusion qui s'impose. Voyant la grammaire se faire sous leurs yeux, contribuant à la faire, les élèves s'y intéressent comme à leur œuvre propre. » (Dictionnaire Buisson)
Suite aux instructions de 1923, l'enseignement de la grammaire ne commence désormais qu'au cours élémentaire. La grammaire doit être extrêmement simple et ne doit porter que sur les éléments essentiels de la proposition. Pas de syntaxe, pas d'analyse, pas de leçons sur les mots invariables. Dans l'étude du verbe laisser de côté la forme passive et la forme pronominale… La première année, ne parler que des verbes du premier groupe. Jamais nous ne répétons assez qu'il faut simplifier l'enseignement grammatical.
De même qu'il doit être simple, l'enseignement grammatical doit être concret. Le maître doit partir des textes placés sous les yeux des enfants pour leur faire comprendre la fonction habituelle du nom, de l'article, de l'adjectif, du pronom et du verbe… Puis, une fois que les élèves auront acquis ces connaissances, on les priera d'en faire l'application et d'accorder entre eux les articles, les adjectifs et les noms, les verbes et les sujets…
Au cours moyen, la matière des leçons devient plus copieuse : toutes les espèces de mots sont étudiées, toutes les formes du verbe. On étudiera non seulement la proposition mais la phrase, non seulement les éléments constitutifs de la phrase, mais, si l'on peut dire, ses silences : les signes de ponctuation. Il ne s'agit toujours que d'une étude succincte, sans subtilités d'analyse…
La méthode au cours supérieur demeure concrète et inductive. Mais jusqu'à présent on s'était contenté d'indiquer les règles. Voici maintenant les irrégularités. Sans doute on s'en tiendra aux exceptions les plus usuelles… Loin d'être abrogé, l'arrêté du 26 février 1901 sur les "tolérances grammaticales" doit être rigoureusement appliqué. Et si, dans le nouveau plan, la syntaxe passe du cours moyen au cours supérieur, ce n'est pas pour qu'elle soit enseignée avec plus de détails. Peu de notions, mais des notions précises, si bien assimilées que l'enfant les applique inconsciemment lorsqu'il parle ou lorsqu'il écrit, voilà tout ce que nous demandons à l'enseignement grammatical.
La réforme de la grammaire
Le Conseil supérieur de l'Instruction publique, avance le vœu, le 10 janvier 1900, que l'on réduise dans l'école la part des exercices grammaticaux et orthographiques et accroître celle des exercices de lecture, de lexicologie et d'élocution. Dans bon nombre d'écoles, l'étude et la récitation des règles de grammaire, la rédaction des exercices de grammaire tout préparés qui abondent dans les manuels, enfin les dictées et la correction de ces dictées paraissent constituer essentiellement l'enseignement de la langue.
- Premier Livre de Grammaire enfantine, CE, par Claude Augé, Librairie Larousse, Hollier-Larousse & Cie, Imprimeurs-Editeurs, 13,17,19 rue Montparnasse, Paris, 1891
- La première année de grammaire, CM, soixante-huitième éditions rendue entièrement conforme au programme de 1882, par Larive & Fleury, Librairie Classique Armand Colin & Cie, 1, 3, 5 rue de Mézières, Paris, 1884
- La première année de grammaire, CM, cent trente-huitième éditions, par Larive & Fleury, chez Armand Colin & Cie, Editeurs, 5 rue de Mézières, Paris, 1895
- La deuxième année de grammaire, CS, 105e éditions, par Larive & Fleury, Librairie Armand Colin & Cie, 5 rue de Mézières, Paris, 1902
Grammaire de Larive & Fleury
Petite grammaire des écoles renfermant le système complet de la conjugaison française et 250 exercices gradués d'analyse, d'orthographe et d'application des règles grammaticales, par M. Guérard, Ch. Delagrave et Cie, Libraires-Editeurs, 58 rue des Ecoles, 1873.
Le Cours de grammaire de Brachet et Dussouchet (1883) est inspiré par la grammaire historique et la grammaire comparée. Ce qui le distingue c'est l'intervention du latin pour l'enseignement du français au CM.
Claude Augé (auteur du Livre de Musique), disciple de Larousse, fait paraître, en 1891, le Premier Livre de Grammaire. Le livre est inspiré de la méthode lexicologique de Pierre Larousse. La meilleure méthode est celle qui concilie l'usage des textes avec l'étude de la grammaire, est-il indiqué. La pratique des lectures bien choisies, jointe à des exercices gradués de rédaction, est bien préférable à la seule théorie grammaticale.
- Abrégé de la grammaire française ou extrait de la nouvelle grammaire française, par M. Noël et M. Chapsal, trente troisième édition, Maire-Nyon, libraire quai Conti, 13. Roret, libraire rue Hautefeuille, 12. L. Hachette et Cie, libraires, rue Pierre-Sarrazin, 12. Delalain, libraire, rue Mathurins-St-Jacques, 5. 1851
Grammaire de Noël et Chapsal
- Notre grammaire, Par G. Castanet et A.R. Naudon, CM, imagé par Mixi-Bérel, Fernand Nathan éditeur, 1967.
Conforme à la nomenclature grammaticale de 1961 et au programme de 1963.
C'est une grammaire complète, pratique et claire. Observons, retenons, appliquons : telle est la leçon de grammaire.
La grammaire fonctionnelle
La grammaire fonctionnelle met en relief l'importance primordiale du système des fonctions comme ossature structurale fondamentale de la phrase.
Qu'est-ce que la grammaire française ? La grammaire française est l'ensemble des règles qu'il faut suivre pour bien parler et bien écrire le français. (La première année de grammaire par Larive et Fleury)
Il est naturel que la science qui apprend à parler et à écrire correctement la langue maternelle soit l'objet des constantes préoccupations de l'instituteur. L'étude du français à l'école primaire est surtout l'acquisition de notions simples et précises, suffisantes pour permettre à l'élève de comprendre sa langue et de l'écrire de façon irréprochable.
Si tel est le véritable but de l'enseignement grammatical à l'école primaire, on doit s'efforcer de trouver les méthodes qui peuvent y conduire rapidement et sûrement.
- La grammaire nouvelle et le français des petits, par A. Souché, Fernand Nathan, Editeur, 18 rue Monsieur-le-Prince, Paris, 1934
- Cours des écoles primaires élémentaires publié sous la direction de E. Cazes, Langue française, CE, cinquième édition, Paris Librairie Ch. Delagrave, 1902.
- La grammaire enseignée par les exemples par Y. Frieh, premier degré, Paris, Librairie Hachette et Cie, 1881.
- Cours primaire de Grammaire Française, CP, vingt-deuxième édition, par J. Dussouchet, Librairie Hachette, 1932.
- La grammaire par l'image, CE, grammaire, vocabulaire, orthographe, initiation à l'analyse, constructions de phrases, par G. Gabet, Librairie Hachette, 1945
- Cours de Langue Française, à l'usage des écoles primaires élémentaires, par C.Peltier et P.-H. Gay, CM et CS, Grammaire et exercices préparatoires de composition française, conforme à la nouvelle nomenclature grammaticale, quatre-vingtième mille, Librairie Ch. Delagrave, 1911.
- Grammaire française, CE, par E. Grammont et A. Hamon, avec la collaboration de Y. Pérignon, , illustrations de Henri Faivre, Classiques Hachette, 1954.
- Structures de la langue française, grammaire nouvelle pour le CE1, par Emile Genouvrier et Claudine Gruwez, Librairie Larousse, 17 rue du Montparnasse, Paris, 1973.
- Grammaire fonctionnelle de la langue française, CE2, par Roger Galizot, J.Pierre Dumas et Bernard Capet, Fernand Nathan éditeur, 1972.
Il répond aux aspirations du mouvement actuel de rénovation pédagogique de l'enseignement du français.
- Grammaire pour l'expression, CM 2 et cycle de transition, par Louis Legrand, Fernand Nathan, 1969.
- Grammaire fonctionnelle, de la grammaire à l'expression écrite, CE 10e et 9e par R. Vaillot et R. Maitre, dessins de Paul Durand, Librairie Classique Eugène Belin, 1965.
- A la rencontre du français, Grammaire CM1 par Roland Eluerd et Albert Faget, illustrations de Martine Schildge, Librairie Larousse, 1978.
Conformément aux instructions officielles de 1972, nous invitons les élèves à réfléchir sur de nombreux faits de langue pour découvrir les lois qui les régissent et nous abordons d'entrée des phrases complètes pour nous diriger méthodiquement vers l'analyse de leurs constituants.
- Grammaire fonctionnelle de la langue française, CM2, par Roger Galizot, J.Pierre Dumas et Bernard Capet, Fernand Nathan éditeur, 1972.
Histoire de la langue française
Chacun sait que les premiers habitants de la Gaule furent gaulois, qui parlaient une langue de la famille celtique, c'est-à-dire parente des idiomes que nous entendons aujourd'hui en France, dans la bouche des Bas-Bretons, et, en Angleterre, dans l'Ecosse, l'Irlande et le Pays de Galles.
Dans le premier siècle avant notre ère chrétienne, les Romains, sous la conduite de César, conquirent la Gaule et la réduisirent en province romaine. Bien supérieurs aux Gaulois par la science et la civilisation, les Romains, quoique moins nombreux, imposèrent aux vaincus la langue latine avec le joug romain, de même que nous imposons peu à peu le français aux Arabes d'Algérie.
Mais à Rome comme en France aujourd'hui, il y avait deux langues en présence ; celle du peuple et des paysans, le latin vulgaire en un mot ; celle des savants, des écrivains et des lettrés, que l'on désigne sous le nom de latin classique ou latin littéraire. Tandis que le latin classique, par exemple, disait equus pour signifier un cheval, le latin vulgaire disait caballus, d'où nous avons fait le français cheval.
C'est naturellement le latin vulgaire que les soldats romains apportèrent aux paysans gaulois, qui le transformèrent à leur tour en français, à force d'en défigurer la prononciation et c'est précisément ce latin corrompu que nous appelons français. C'est à peu près vers le cinquième siècle, à la chute de l'empire romain, que le latin vulgaire ainsi transformé par la prononciation gauloise commence à apparaître comme une langue distincte, que les savants du temps appellent dédaigneusement lingua romana rustica (c'est-à-dire le latin des paysans), d'où nous avons fait langue romane pour désigner ca nouvel idiome. A ce moment , l'invasion des Barbares renversait l'empire romain ; dans cette tourmente, l'administration, les écoles, la justice, l'aristocratie, les lettres romaines, disparurent, et avec elles périt le latin littéraire, qui en était l'organe et qui avait été créé par elles.
De même que le latin des paysans ou langue romane donna en Gaule le français, de même en Italie il devient l'italien, en Espagne l'espagnol, etc. En France même, il se partagea en deux grands groupes. Au nord, il donna la langue d'oïl ou français ; au sud, il donna la langue d'oc ou provençal : ces noms proviennent de l'habitude, fréquente au moyen âge, de désigner les langues par le signe de l'affirmation oui : les termes de langue d'oïl et de langue d'oc viennent de ce que oui se disait oïl au nord et oc eu midi.
La langue du nord, la langue d'oïl, était à son tour partagée en plusieurs dialectes : le normand, le picard, le Wallon, le champenois-bourguignon, le lorrain, le poitevin, le saintongeais, enfin le français, qui n'était à l'origine que le dialecte de la province appelée Ile-de-France. (Au moyen âge on entendais spécialement par Français les habitants de l'Ile-de-France). Ces dialectes étaient égaux en pouvoir et en influence, parce qu'il n'y avait point comme aujourd'hui un centre unique, une capitale du royaume qui pût imposer au pays le modèle du beau langage.
Comment ces diverses langues se sont-elles réduites à une seule, et, pourquoi le dialecte de l'Ile-de-France, le français, a-t-il plus tard été adopté comme langue commune plutôt que le normand ou le bourguignon ? Tant que les rois capétiens, humbles seigneurs de l'Ile-de-France et de l'Orléanais, restent dépourvus de toute influence hors de leur domaine royal (c'est-à-dire depuis le dixième siècle jusqu'au douzième), le dialecte français n'a, hors de ces deux provinces, aucune notoriété. Mais dès le douzième siècle les petits rois de France commencent à s'agrandir aux dépens de leurs voisins : ils annexent successivement le Berry (1101), la Touraine (1203), la Normandie (1204), la Champagne (1284), la Picardie (1463), et apportent avec eux, dans ces nouvelles provinces, le dialecte de l'Ile-de-France, le français, qui remplace alors dans chacune d'elles les dialectes indigènes, et ne tarde point, étant la langue du roi, à être adopté comme un modèle de bon ton. Rebelle à cette invasion, le peuple seul, dans chaque province, garde son ancien dialecte et refuse d'accepter le français. Cessant alors de s'écrire, les idiomes picard, bourguignon-champenois, normand, etc., tombent aussitôt du rang de dialecte (C'est-à-dire de langue littéraire écrite et parlée) à l'humble état de patois (c'est-à-dire d'idiome non écrit et seulement parlé). A cette date (le quatorzième siècle) où les dialectes des provinces tombent à l'état de patois, tandis que le dialecte de l'Ile-de-France devient la langue commune du royaume, la langue d'oïl est morte, et la langue française nait à l'histoire.
Les patois que nous trouvons aujourd'hui dans les campagnes de la Normandie, de la Picardie, de la Bourgogne, etc., ne sont point, comme on le croit communément, du français littéraire corrompu dans la bouche des paysans ; ce sont les débris des anciens dialectes provinciaux que les évènements politiques ont fait déchoir du rang de langues écrites à celui de patois.
La langue d'oc comprenait le gascon, le catalan, le languedocien, le limousin, l'auvergnat, le rouergat, le provençal, le dauphinois, enfin le savoyard. Tous ces dialectes ont été parlés et écrits jusqu'aux quatorzième siècle ; mais la sanglante guerre des Albigeois et la défaite du Midi, porta le coup de mort à la langue d'oc. En 1272, le Languedoc passe à la France, et l'introduction du français suit de près cette annexion. On cesse d'écrire la langue d'oc, elle tombe de langue littéraire à celui de patois, et, les patois qui persistent aujourd'hui dans nos campagnes du Midi, ne sont que les débris de cette langue d'oc qui, au temps des troubadours, brilla d'un vif éclat.
En somme, on voit que le français n'est nullement formé des débris du celtique, et l'on peut ainsi résumer son histoire : le latin populaire transformé en Gaule par les soldats de César étouffe promptement la langue indigène, le celtique, et donne naissance, par de lentes et insensibles transformations, à un idiome nouveau, la langue romane, auquel les Barbares ajoutent un certains nombre de mots allemands (tels que fief, maréchal, baron, guerre, flèche, héron, etc.), relatifs au régime féodal, à la guerre, à la chasse. Cette langue romane se divise vers le huitième siècle an deux branches : la langue d'oc au sud de la Charente, et au nord la langue d'oïl, dont un des dialectes, celui de l'Ile-de-France, supplanta peu à peu tous les autres et devint au quatorzième siècle la langue française.
A ce fonds ancien de la langue, qu'on appelle le français populaire sont venues s'adjoindre, du douzième au dix-neuvième siècle, deux catégories de mots nouveaux :
1. Les mots étrangers, importés par diverses circonstances politiques.
2. A côté du français populaire, qui est l'œuvre du peuple, -- et des mots étrangers importés en France par les circonstances politiques, -- il faut distinguer une troisième couche de mots, celle qui a été créée par les savants depuis le onzième siècle et qui s'augmente tous les jours.
La formation de notre langue est donc le résultat d'une double action : l'action populaire et l'action savante. Ces deux actions, s'exerçant d'une manière indépendante, ont souvent tiré deux ou plusieurs mots français du même mot latin. Ainsi foison et fusion viennent tous deux de fusionem ; mais le premier a été formé par le peuple;, le second par les savants. Ces doubles dérivations d'un même mot s'appellent des doublets.
En dehors de l'influence du latin et des langues étrangères, le français a créé quelques mots empruntés à des souvenirs historiques, ou formés par imitation de sons. De là deux classes de mots, peu nombreux du reste : les mots d'origine historique et les onomatopées.
1° Les mots d'origine historique désignent presque toujours : des importations nouvelles ; par exemple, des étoffes : madras, nankin, mousseline, cachemire, calicot, astracan, rouennerie, gaze, etc., de Madras, Nankin, Mossoul, Cachemire, Calicut, Astrakan, Rouen, Gaza, lieux où ces tissus furent fabriqués pour la première fois ; -- des végétaux : dahlia, fleur dédié au botaniste Dahl, par Cavanilles, en 1789 ; cantaloup, melon originaire de Cantaluppo, villa des papes, aux environs de Rome ; fuchsia, plante ainsi appelée à cause de Léonard Fuchs, botaniste bavarois du seizième siècle, etc., -- des inventions : guillotine, macadam, mansarde, ainsi nommées d'après leurs inventeurs, le docteur Guillotin, l'ingénieur anglais Mac-Adam, l'architecte Mansart, etc.,
2° Les onomatopées sont des mots forgés pour imiter un son, un geste, par exemple : les cris d'animaux : croasser, miauler, japper ; la parole humaine : babiller, caqueter , chuchoter , marmotter ; divers bruits naturels : clapoter ,croquer, crac, pouffer, cliquetis, fanfare, glouglou, flic flac, pan pan, etc. ; quelques interjections : bah, qui donne ébahir ; hue, qui donne huer, etc. ; le langage des enfants, qui redoublent volontiers la syllabe principale d'un mot : fanfan, papa, maman.
(Nouveau cours de grammaire française par A. Brachet et J. Dussouchet, CM, Librairie Hachette et Cie, 1901)
Carte linguistique de la France d'après site Lexilogos.com